Sur fond de conflit au Proche-Orient, la parole raciste se libère et les extrémismes de tout bord ne cessent de monter en France.

Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, le recteur de la Grande mosquée de Paris lance un appel retentissant pour mettre fin aux amalgames et aux extrémismes.

« Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi », dénonce Chems-Eddine Hafiz, qui vilipende les « ennemis de la nuance ».

Les « repaires de malfrats idéologues », que sont devenus les réseaux sociaux, sont sur le point de réaliser « une rupture culturelle qui invoque les extrêmes sans aucune forme de subtilité », s’alarme le recteur de la Grande mosquée de Paris.

Alors que l’urgence est d’appeler à la fin des combats en Palestine, le débat en France est biaisé et réduit à l’obligation pour tout le monde de choisir son camp, plutôt que de « choisir son extrémisme », poursuit-il.

Chems-Eddine Hafiz regrette que l’on soit arrivé à une situation où dénoncer l’antisémitisme suscite des accusations de « renoncement aux droits fondamentaux de tous les peuples de la Terre, y compris ceux, légitimes, du peuple palestinien ».

Dans le même temps, s’opposer à l’islamophobie et au discours antimusulmans est assimilé à « l’islamisme ».

Pour les uns et pour les autres, les accusations émanent des mêmes « ennemis de la nuance » embusqués et dont l’objectif final « est de faire durer le plus longtemps possible le climat conflictuel qui leur permet de sévir ».

Le recteur de la Grande mosquée de Paris cite comme exemple les accusations de « taqiya » (dissimulation de ses opinions) qui le visent dès qu’il dénonce l’antisémitisme.

Si c’est son soutien à la population palestinienne qu’on lui reproche de dissimuler, le recteur de la mosquée de Paris dit l’assumer pleinement. « Les images sont plus fortes que mes propos sur la question », écrit-il, ajoutant qu’il est « dans le camp de toutes les victimes civiles et dans celui de la paix ».

Le recteur de la Grande mosquée de Paris dénonce les « ennemis de muance »

Quelques jours après sa lettre au ministre français de l’Intérieur dénonçant la libération de la parole raciste à l’encontre des musulmans, M. Hafiz revient à la charge et souligne qu’au moment où des appels à la fin de la guerre et à l’établissement de deux États fusent partout dans le monde, elles donnent lieu à des accusations de complicité quand elles émanent des musulmans de France.

Ces accusations suivent régulièrement les appels à la fin des bombardements sur Gaza, la protection de toutes les populations civiles, sans exception, la libération des otages, le libre accès à l’aide humanitaire et la levée du blocus à Gaza, égrène le recteur.

Le recteur de la Grande mosquée de Paris rejette dans le même temps les tentatives de faire endosser aux Juifs la responsabilité des agissements du gouvernement israélien. « Oui, je dénonce toute atteinte aux Juifs de France, comme aux musulmans de France », insiste-t-il, réitérant son rejet de « l’importation sur le sol français » du conflit en cours qui, affirme-t-il, « n’a rien de religieux ni de civilisationnel ».

M. Hafiz rappelle au passage les positions de ces prédécesseurs dans la protection des Juifs ou leurs efforts pour la paix au Moyen-Orient. « À mon tour de prendre mes responsabilités, quitte à m’attirer les pires injures et menaces. De tous bords », écrit-il dans sa tribune, affirmant que l’heure du choix a sonné. « Pas entre les musulmans et les Juifs » ou « entre Israël et un État palestinien », mais « entre l’humanisme et l’horreur ».

« J’ai parcouru l’histoire commune franco-algérienne, qui m’a appris que la nuance est humaine », écrit le recteur de la Grande mosquée de Paris.

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