Le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, revient sur les pourparlers avec la Russie pour le vaccin anti-Covid Spoutnik V en Algérie, l’objectif de ce partenariat qui est de garantir un transfert technologique pour faire de notre pays « une plateforme de développement vaccinal » en Afrique et dans la région Mena.
Comment l’Algérie s’est positionnée pour devenir un pays de production du vaccin russe Spoutnik V ?
Avec la découverte de nouveaux vaccins, dont le Spoutnik V qui est je le rappelle l’un des vaccins les plus éprouvés et surtout qui a l’un des meilleurs taux d’efficacité (91%), de nombreux laboratoires ont mis en place une stratégie de production de vaccins avec des pays-relais.
Ainsi, AstraZeneca (anglo-suédois) a identifié neuf pays pour fabriquer son vaccin. La même chose pour Pfizer-BioNtech et Moderna.
En ce qui concerne le Spoutnik V, dès cet automne la Russie a identifié l’Algérie comme un des pays en Afrique et dans la région Mena (Afrique du nord et Moyen-Orient) qui dispose d’une plateforme industrielle, et à la fois les capacités technologiques et des ressources humaines, nécessaires pour produire son vaccin. Au mois de janvier, les choses se sont précipitées, et un certain nombre de réunions ont été organisées à cet effet.
Comment s’est fait le choix du partenaire algérien ?
Le groupe Saïdal a été identifié comme le partenaire idéal du fond d’investissement direct russe (fonds souverain de la Russie) et de l’institut Gamaleya- qui pour rappel avait développé le vaccin contre Ebola.
Des réunions se sont tenues avec notre ministère, l’Agence de sécurité sanitaire et l’Agence nationale des produits pharmaceutiques qui a signé déjà un jumelage avec son homologue russe. Nous avons pu mettre en place un cadre de coopération et un certain nombre de mémorandums sont en cours de signature.
Une plateforme numérique a été mise en place pour que la partie algérienne puisse avoir accès à tout le process de production du vaccin à sa disposition. De la lignée cellulaire jusqu’à la répartition aseptique.
Deux comités ont été mis en place, côté algérien, chargé de la production industrielle et de la mise en place de tous les équipements. Le site a d’ores et déjà été identifié et dans lequel on ajoutera un certain nombre d’équipements pour assurer la répartition aseptique -ce qui est très largement assuré par Saïdal.
Un deuxième comité est chargé de développer la lignée cellulaire et d’aller vers la production de la matière première directement. Entre-temps, si on reçoit de la matière première déjà prête, nous pourrons très rapidement produire les premiers lots du vaccin.
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Quel est l’objectif escompté à travers ce partenariat industriel ?
L’intérêt c’est que le transfert technologique soit total, qu’il y ait un vaccin 100 % algérien, et où la matière première serait produite en Algérie, et ainsi notre pays deviendrait pour le Spoutnik V un vecteur de la production et de la distribution de ce vaccin dans sa région et permettre aux populations d’y avoir accès.
Il faut se rappeler que l’utilisation de ce vaccin pourrait être récurrente, car on ne sait si le virus deviendrait, à travers le développement des variants, saisonnier.
De plus, la plateforme vaccinale que nous sommes en train de mettre en place en Algérie pourrait nous permettre, à travers ce transfert de technologie, de développer beaucoup d’autres vaccins. Et lorsqu’on se lance dans la fabrication d’un vaccin, on ne peut se contenter du seul marché national, on serait dans une stratégie de coopération avec le fonds russe pour devenir une plateforme de développement vaccinal à même d’assurer les besoins de notre région et de notre continent.
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