Les cours du pétrole ont dégringolé mardi à New York comme à Londres, continuant à plonger alors que la production d’or noir atteint des niveaux records en Russie et aux Etats-Unis au moment même où la demande en énergie pourrait s’essoufler.
Le baril de WTI pour janvier, la référence aux Etats-Unis, a reculé de 6,6% soit 3,28 dollars pour clôturer à 46,60 dollars, son plus bas niveau depuis fin août 2017.
Il a perdu près de 40% depuis début octobre, quand il était monté à son plus haut niveau en quatre ans.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a perdu de son côté 3,35 dollars ou 5,6% pour finir à 56,26 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, son prix le plus bas depuis octobre 2017.
Il s’affiche en baisse de près de 35% depuis octobre.
Les investisseurs s’inquiètent de voir à la fois se multiplier les signes d’un ralentissement de l’économie mondiale, qui se traduirait par une baisse de la demande en énergie, et la recrudescence de la production de brut dans certains pays.
“La stabilisation du marché du pétrole fait déjà partie de l’histoire ancienne et l’effet de la réduction de la production annoncée par l’Opep s’est entièrement évaporé”, ont souligné les analystes de Commerzbank.
Confrontée à une chute des cours, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole s’est en effet mise d’accord début décembre avec ses partenaires, dont la Russie fait partie, pour réduire sa production d’environ 1,2 million de barils par jour (mbj) à partir de janvier.
– Nouveaux objectifs pour l’Opep ? –
Mais lundi, “la Russie a rapporté que sa production de brut avait pour le moment atteint un niveau record de 11,42 mbj en décembre”, ont relevé les analystes de Commerzbank.
Et l’agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a, dans un rapport, anticipé une hausse de la production de pétrole de schiste de 134.000 barils par jour aux Etats-Unis entre décembre et janvier alors même que les extractions sont déjà à un niveau record dans le pays.
La société américaine Genscape a par ailleurs fait état d’une hausse des réserves à Cushing, en Oklahoma, là où sont stockés les barils servant de référence au pétrole new-yorkais.
Parallèlement, la chute généralisée des places boursières et la faiblesse de certains indicateurs, comme le repli marqué du moral des entrepreneurs allemands mardi, alimentent la crainte de voir la croissance économique mondiale ralentir.
“Toute la question est désormais de savoir si la réduction de la production décidée par l’Opep et ses partenaires va être suffisante”, a relevé John Kilduff d’Again Capital.
“On peut s’attendre à une nouvelle salve de commentaires des ministres du Pétrole des pays concernés visant à rassurer les marchés et peut-être à une révision de leurs objectifs dès janvier ou février”, a-t-il avancé.
Phil Flynn de Price Futures Group estime pour sa part que la brusque chute des prix du pétrole relève surtout d’investisseurs s’inquiétant d’éléments qui ne se sont pas encore concrétisés.
“Le marché prévoit une surabondance d’offre sans prendre en compte le fait que l’un des plus grands champs pétroliers en Libye est bloqué, que la production continue à plonger au Venezuela et que l’Arabie saoudite est en train de diminuer fortement ses extractions”, a-t-il expliqué.
Reste que les acteurs du marché semblent prévoir que l’offre devrait largement dépasser la demande dans les mois à venir, faisant au passage gonfler les stocks et descendre les prix.
L’agence internationale de l’énergie a déjà indiqué la semaine dernière que les réserves commerciales de brut des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) avaient augmenté en octobre pour le quatrième mois consécutif.