Après l’huile de table et de la semoule au printemps, de l’oxygène médical et de l’eau potable cet été, les Algériens sont actuellement confrontés à des perturbations dans l’approvisionnement en farine et la quasi-disparition du pain ordinaire des boulangeries.
Le président de l’Association de protection du consommateur (APOCE), Mustapha Zebdi, ne cache pas sa colère et dénonce les spéculateurs qui régulent à leur guise leur marché pour faire des gains sur le dos des consommateurs.
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« Actuellement, les chiffres déclarés sur le blé tendre (qui sert à la fabrication de la farine panifiable) moulu quotidiennement sont énormes. Les quantités suffisent pour l’Algérie et toute l’Afrique du nord », affirme M. Zebdi.
Le phénomène des perturbations récurrentes de l’approvisionnement en farine des boulangeries trouve sa source, selon Zebdi, dans les pratiques peu scrupuleuses de la part de certains opérateurs, à travers notamment le détournement du blé tendre –un « fait qui existe », selon M. Zebdi, et la vente de ce produit sous forme d’aliment de bétail pour réaliser des gains importants.
« La farine est vendue à 2 000 DA/quintal alors que le blé est cédé à 4 000 DA/quintal comme aliment de bétail », expose Mustapha Zebdi, qui pointe un autre subterfuge auquel certains opérateurs véreux s’adonnent toujours pour gagner plus. En Algérie, la farine panifiable est subventionnée par l’Etat pour permettre aux boulangers de fabriquer du pain ordinaire et de le vendre au prix administré de 8,5 dinars.
Et cela en outrepassant le seuil légal du tarif officiel du quintal de farine fixé à 2 000 DA alors que certains minotiers, selon Zebdi, exigent des clients (boulangers) de payer un surplus « en sous-main ».
Pourquoi la baguette ordinaire a « perdu » du poids en Algérie
« L’achat est facturé à 2 000 DA/quintal mais le client le paie à 2 600 ou à 2 800 DA/quintal », étaie Mustapha Zebdi. Ce sont, d’après lui, autant de facteurs qui sont à l’origine des perturbations qui sont constatées sur le marché concernant la farine panifiable. Des pratiques qui ne sont pas sans conséquences sur le consommateur qui constate que la baguette de pain ordinaire ne pèse plus 250g comme le stipule la réglementation, mais avec quelques grammes en moins, du fait que les boulangers estiment que c’est la seule façon pour eux d’amortir les dépenses élevées concernant la matière première.
Le président de l’Apoce soulève également un autre phénomène : celui de l’abandon de certains boulangers du pain « ordinaire » en privilégiant une autre qualité pompeusement appelée « pain amélioré » à 15 ou 20 DA la pièce.
« Le pain à 10 dinars ne se vend plus dans beaucoup de boulangeries », affirme le président de l’Apoce, qui tient à attirer l’attention des pouvoirs publics sur ces pratiques qui portent atteinte à l’intérêt du consommateur.
Il exhorte par ailleurs les consommateurs à privilégier le pain fabriqué à partir de farine dite complète qui garde beaucoup d’éléments nutritifs, contrairement à la farine blanche.
En l’utilisant, le boulanger aura lui aussi un gain supplémentaire estimé à 20%, souligne Zebdi. Cependant, cette alternative fait face aux résistances des minotiers pour qui vendre une farine complète les « prive » de gains substantiels.