Comme tous les pays de la planète, l’Algérie a pris une série de mesures pour empêcher la propagation à plus grande échelle de l’épidémie du coronavirus. L’activité est fortement réduite, les écoles et les mosquées fermées, ainsi que beaucoup de types de commerces, les liaisons aériennes et les transports collectifs suspendus, les marches et rassemblements interdits.
Des mesures, pour ainsi dire, proportionnelles à l’évolution de l’épidémie qui n’a pas encore atteint les niveaux alarmants qui ont contraint de nombreux pays européens au confinement total. Au dernier bilan, 90 cas ont été enregistrés jusque-là, dont 12 décès.
À titre de comparaison, on est très loin de l’Italie qui a enregistré plus de 600 morts pour la seule journée de vendredi 20 mars. Mais beaucoup estiment qu’il faudrait justement éviter l’erreur des Italiens et des Français qui ont attendu que la situation soit presque hors de contrôle pour réagir énergiquement.
En Italie surtout, rappelle-t-on, l’épidémie a été très peu prise au sérieux même lorsque les nouveaux cas diagnostiqués se comptaient par dizaines. Aujourd’hui, les autorités de ce pays sont dépassées, leur système de santé débordé et on a dû recourir à l’option extrême et inimaginable il y a seulement quelques semaines de priver de soins ceux qui ont le moins de chances de s’en sortir, notamment les personnes âgées et la malades chroniques.
Aujourd’hui, la population italienne est en confinement total, les Français aussi, mais également de nombreux pays moins touchés, dont nos voisins immédiats le Maroc et la Tunisie qui ont pourtant enregistré moins de cas que l’Algérie (86 et 54 cas respectivement).
Faut-il en faire de même en Algérie ? Beaucoup de voix s’élèvent en tout cas pour appeler à un confinement total et à ne pas attendre que la situation soit hors de contrôle. La faiblesse du système de santé algérien est mise en avant pour expliquer que le pays ne pourra pas faire face à épidémie de grande ampleur. En temps normal, les hôpitaux sont quotidiennement débordés. Qu’en sera-t-il si des milliers ou des dizaines de milliers de cas de coronavirus sont pris en charge simultanément ? Quel sera le sort des personnes âgées et des malades chroniques, très nombreux dans notre pays ?
En connaissance de cause, les premiers à monter au créneau pour appeler au confinement, sont les personnels soignants. Via des vidéos postées sur les réseaux sociaux, médecins et infirmiers tentent de convaincre les citoyens de rester chez eux en expliquant que, une fois atteints, il leur sera difficile de les prendre en charge vu les conditions dans lesquelles ils travaillent.
Le cas de la Chine est souvent cité comme le meilleur exemple à suivre. Épicentre de l’épidémie à ses débuts, ce pays a fini par la vaincre grâce à des mesures de prévention, dont le confinement, respectées à la lettre par la population. Ce week-end, la Chine a annoncé qu’elle n’a enregistré aucun nouveau cas pour le troisième jour de suite.
En Italie aussi, même si la situation demeure catastrophique, un recul des contaminations a été constaté en milieu de semaine dans les régions qui ont été confinées en premier. Cette option, certes contraignante pour les populations et coûteuse sur le plan économique, demeure néanmoins la seule arme efficace disponible en l’absence de traitements et de vaccin.
Beaucoup d’acteurs politiques ont ainsi joint leur voix à celle des médecins pour plaider le confinement, « la réponse la plus raisonnable et la plus efficace », comme la qualifiée Saïd Sadi, homme politique et médecin spécialiste par ailleurs. « Il convient de savoir que notre système de santé n’est pas calibré pour faire face à une évolution épidémiologique d’une telle ampleur », met-il en garde.
« C’est maintenant, tant qu’il est encore temps, que des mesures draconiennes doivent être assurées. Le confinement est le remède le plus efficace pour briser la chaine de contamination. Le gouvernement doit prendre des mesures pour obliger les citoyens à rester chez eux durant une période à définir », plaide pour sa part le parti Jil Djadid de Djilali Sofiane, également médecin.
Le président de la République a indiqué jeudi dernier que les autorités se donneront une période d’observation, jusqu’à la première dizaine d’avril, là l’issue de la période d’isolement des derniers ressortissants algériens rapatriés, mais des mesures plus draconiennes, comme le confinement général, pourraient être prises avant cette échéance si la situation se dégrade sensiblement ente temps.
Il appartiendra alors au gouvernement de prendre des mesures tout aussi fermes pour assurer l’approvisionnement des populations et la continuité des services d’utilité publique, eau, gaz, électricité et connexion internet. Car si la faiblesse du système de santé est pointée unanimement du doigt, les autres secteurs ont aussi leurs défaillances criantes.