Le déficit de la Caisse nationale des retraites (CNR) s’est établie à 560 milliards de dinars en 2018 et devrait s’établir à 610 milliards de dinars en 2019, a annoncé ce mercredi son directeur général, Slimane Melouka, dans un entretien accordé à la Radio nationale.
« Aujourd’hui, la Caisse des retraites traverse des moments difficiles en matière de finances. Si on doit parler de la caisse des retraites, on doit parler du système de sécurité sociale dans son ensemble puisque la Caisse est dépendante des cotisations qui lui sont versées par la CNAS, qui elle est chargée du recouvrement en matière de cotisations », a expliqué M. Melouka, avant de revenir sur les raisons des difficultés actuelles de la CNR.
« La CNR a dû prendre des dispositions dans les années 96 pour pouvoir faciliter le départ en retraite de beaucoup de personnes qui n’avaient pas l’âge légal », a rappelé le DG de la CNR. « Cette situation a engendré une baisse des cotisations, puisque tout travailleur partant en retraite arrête de cotiser et est pris en charge en matière de dépenses de retraite », a-t-il ajouté.
« Il y a eu une forte embellie en 2012 puisqu’il y a eu de très fortes augmentations de salaires avec des effets rétroactifs de cinq années qui a fait qu’en 2013 et en 2014, la CNR avait encore les moyens financiers nécessaires pour pouvoir prendre en charge les dépenses de l’époque. En 2015, les recettes n’étaient plus suffisantes car ce qui s’était créé en 2012 avait eu un double impact. Les gens de l’époque dès qu’ils ont atteint l’âge de 50 ans, sachant que le calcul de la pension se fait sur la moyenne des cinq meilleures années de cotisation, avec les rappels qu’ils avaient reçu sur les cinq années en 2012, beaucoup de gens ont commencé à partir en retraite de manière précoce », explique le Slimane Melouka.
« Nous avons commencé à avoir une saignée très importante dès 2014, puisqu’en 2015 et 2016 plus de 200 000 dossiers ont été déposés à notre niveau. En 2016, le nombre a frisé presque les 300 000 dossiers », a affirmé le DG de la CNR.
« Le déficit de la CNR augmente de l’ordre 100 milliards de dinars en moyenne chaque année. D’un déficit de 250 milliards en 2015, on est passé à environ 350 milliards en 2016, ensuite à 470 milliards de dinars en 2017 et à 560 milliards en 2018. Mais ce déficit va commencer à se stabiliser à 610 milliards de dinars en 2019 », a annoncé M. Melouka.
« En 2018 on a dû recourir à l’aide de l’État puisque la loi de finances de 2018 a prévu un montant de 500 milliards de dinars pour régler le déficit. En 2019 une autre disposition a été prise et prévoit un prêt de l’ordre de 600 milliards de dinars pour pouvoir répondre aux besoins. Il est convenu que le paiement de ce prêt soit différé de 20 années, pour pouvoir d’ici là éventuellement trouver les mesures nécessaires afin de rééquilibrer le système », a indiqué Slimane Melouka.
« La politique de l’emploi doit être développée. La CNR vit principalement des cotisations des travailleurs. Ces départs massifs des travailleurs en retraite précoce et le fait que le marché de l’emploi est devenu actuellement restreint par rapport à la politique de l’économie nationale qui traverse des turbulences font que nous espérons aujourd’hui à ce qu’il y ait un relance économique de manière à développer l’emploi et revenir à une situation où il faudrait cinq cotisants pour un retraité afin de retrouver l’équilibre financier », a souligné de le DG de la Caisse nationale des retraites.