Politique

Ferhat Mhenni déclenche une tempête en Kabylie

Une visioconférence avec des étudiants de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou (UMMTO) et une ancienne vidéo où il demande à la France de « s’allier » avec la Kabylie si elle souhaite garder son « rayonnement » en Afrique du nord.

Bastion du débat contradictoire, l’UMMTO a accueilli sans réserve Ferhat Mhenni face à un auditoire qui ne lui est pas totalement acquis contrairement à ce que laisse penser la polémique qui agite les réseaux sociaux.

L’intitulé de la conférence n’a pas toutefois manqué de nourrir la controverse puisqu’il s’agissait de parler du « combat de la Kabylie face à l’Algérie ». On aura beau retourner l’intitulé comme on veut il n’évacue pas l’idée de la confrontation entre deux entités opposées. Dire « Kabylie face à l’Algérie », c’est instaurer un face-à-face et rompre l’unité entre les deux. Finalement, c’est un démenti que les étudiants ont apporté puisqu’ils ont en majorité défendu l’unité nationale face à un leader qui n’a pas cessé de se radicaliser.

De militant et artiste engagé pour la défense de la culture berbère à dirigeant indépendantiste en passant par le statut de fondateur d’un parti, le RCD en l’occurrence dont il a été secrétaire national, puis militant autonomiste, le « maquisard de la chanson » a sans cesse déplacé le curseur sur le champ de ses revendications.

Alors que son intervention devant les étudiants continuait d’enflammer les réseaux sociaux, des internautes ont exhumé une vidéo où le président du MAK va encore plus loin. Dans ce document, il repousse les frontières de l’expression amenant ceux qui l’écoutent à se demander s’il n’a pas réellement dépasser les limites de ce champ. Ferhat Mhenni ne promeut pas ses idées pour l’indépendance de la Kabylie. Il présente sa région natale comme une enclave qu’il souhaiterait sous l’influence culturelle de la France.

« Si la France perd la Kabylie, elle ne perdrait pas que l’Algérie elle perdrait toute l’Afrique du Nord dont elle est le moteur essentiel concernant les idées modernes et démocratiques », plaide Ferhat Mhenni en soulignant bien que cette région est « la seule sphère francophone d’Afrique du Nord, voire de toute l’Afrique, hormis le Sénégal ».

À partir de ce constat, il lance un appel : « Si La France veut garder un semblant minimum de présence et de rayonnement culturel il faut absolument qu’elle s’allie avec la Kabylie » car « la Kabyle est son seul canot de sauvetage ». Alors, « ou elle monte dedans ou elle va sombrer », recommande le politique qui se présente ainsi comme un défenseur des intérêts de la France qu’il ne veut pas voir sombrer.

Présenter la Kabylie comme la seule région d’Algérie où il y a une influence linguistique française c’est méconnaître le pays. L’émigration qui a vidé la région de nombre de ses habitants peut expliquer cette influence. Mais les enfants de Kabylie ont les mêmes enseignements que ceux de toute l’Algérie et sont pareillement connectés aux réseaux sociaux et aux chaînes satellitaires.

Historiquement, l’arabisation de la Kabylie a été accomplie par la France qui par ailleurs était disposée à accorder une indépendance à la région que ses leaders nationalistes ont refusée. La Kabylie n’est pas soulevée pour elle seule mais pour toute l’Algérie. Ferhat Mhenni ne l’a toujours pas compris. Et son intervention inutile dans le débat public à ce moment précis est un soutien au pouvoir contre le mouvement populaire.

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