EXCLUSIF. Le gazoduc GME, reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc sera un immense didjeridoo de 540 km sur le territoire marocain à partir du lundi 1er novembre, comme l’a anticipé l’ambassadeur algérien Amar Belani.
Ce dimanche, à quelques heures de l’expiration de son contrat, la sentence est tombée : l’Algérie a décidé de fermer définitivement le robinet du GME.
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La décision, qui était attendue, a été prise par le président Abdelmadjid Tebboune en réponse aux « actions agressives » du Maroc à l’encontre de l’Algérie, a indiqué la présidence de la République dans un communiqué.
La médiation espagnole et les larmoiements marocains n’ont pas fait infléchir la position algérienne dans son dossier. C’est le clap de fin pour le gazoduc GME, après 25 ans de service. Sa fermeture est quasi définitive : avec le Maroc, l’Algérie n’a pas l’habitude de revenir sur ses décisions, comme en témoigne l’affaire des frontières terrestres.
Pourtant, lors de son lancement en 1996, l’Algérie avait fait le pari de la construction maghrébine. Grand pays gazier et principal fournisseur en gaz de l’Espagne et de l’Italie, l’Algérie affichait sa volonté de participer à l’intégration économique du Maghreb. En face, le Maroc n’a pas saisi l’occasion.
« Ce gazoduc était un pari sur l’avenir. Un gage de notre engagement sincère porté par les aspirations des peuples maghrébins. C’était l’expression tangible de notre profonde conviction quant à l’importance de l’intégration régionale et de la valeur ajoutée des infrastructures réalisées dans une perspective maghrébine », explique Amar Belani, envoyé spécial chargé du dossier du Sahara occidental et des pays du Maghreb, dans une déclaration à TSA ce dimanche soir.
Au lieu de participer à l’édification du Maghreb, le Maroc s’est attelé à le saborder, en faisant le choix de tenter de s’arrimer à l’Union européenne.
« Malheureusement, le Maroc n’a pas été à la hauteur de l’ambition historique et stratégique du projet grandiose du grand Maghreb qu’il a pris en otage puis sabordé par dépit en relation avec la question du Sahara occidental dont il occupe illégalement le territoire », déplore Amar Belani.
« Les actions hostiles auront un prix »
La décision algérienne de ne pas renouveler le contrat du GME et de rompre toute relation entre Sonatrach et l’Office marocain de l’électricité et de l’eau a fait l’effet d’une bombe au Maroc. Un coup dur pour l’économie marocaine qui perd des rentrées en devises de 50 à 200 millions de dollars par an, comme droits de passage du gazoduc, en plus du milliard de m3 de gaz qu’il tire du GME pour produire 10% de son électricité.
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Au lieu de reconnaître son erreur d’avoir maintenu, pendant des mois, le suspense sur le renouvellement du contrat du GME, dans une sorte de chantage, sachant le poids des exportations de gaz dans l’économie algérienne, le Maroc tente désormais de se poser en victime du pouvoir algérien, en essayant de présenter l’Algérie comme un fournisseur de gaz non fiable, alors qu’elle constitue un exemple en la matière dans le monde.
Le site 360.ma, réputé proche du Palais royal, en citant une source proche du dossier, explique que la « décision algérienne va obliger le Maroc à établir une stratégie de sécurité énergétique pérenne. » « Nous savons maintenant que nous ne pouvons pas compter sur un partenaire non fiable, encore plus quand il s’agit de dossiers à caractère stratégique », a dit cette source, selon le même journal.
Pour Amar Belani, ce « « media » porte-flingue des services du voisin de l’ouest, au lieu de se lamenter sur la perte de cette manne prodigieuse dont le royaume s’est gavée pendant 25 ans alors qu’il complote activement contre l’unité et l’intégrité de notre pays, il devrait comprendre, une fois pour toutes, que la nouvelle Algérie ne se laissera plus berner. »
« Définitivement, les actions hostiles auront un prix, n’en déplaise à ces plumitifs adeptes de la subversion, de la manipulation et des fake news », prévient Amar Belani.