Politique

Fête de l’indépendance : les messages de la parade militaire

De grandes festivités sont au programme pour marquer le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, dont un imposant défilé militaire à Alger.

Le défilé est prévu sur un tronçon de 15 kilomètres le long de la rocade nord, de Dar el Beida à la station de dessalement d’El Hamma.

L’axe est fermé à la circulation depuis vendredi 1er juillet pour permettre le déroulement des préparatifs. Tout Alger ne parle que de l’événement et des images et vidéos sont déjà largement partagées sur les réseaux sociaux, montrant les camions gros tonnage de l’ANP transportant le matériel qui sera présenté lors de la parade.

Bien que constituant une vieille tradition en Algérie, la nouvelle génération n’a jamais assisté à un défilé militaire.

Le dernier en date a eu lieu en 1989, année coïncidant avec l’ouverture politique post-octobre 1988. Dans la décennie qui a suivi, l’organisation de parades n’était pas possible à cause de la situation sécuritaire et le plein engagement de l’ANP dans la lutte contre le terrorisme.

Sous Bouteflika, malgré le rétablissement de la paix et l’opulence financière, la tradition n’a pas été ressuscitée. Ce que certains analystes expliquent par le contexte régional de l’époque, marqué notamment par un apaisement avec le Maroc.

Contrairement à certains défilés qui se déroulent à travers le monde chaque année à une date précise, la parade militaire est organisée en Algérie de manière très irrégulière, à l’occasion de la célébration du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er novembre, ou de la fête de l’indépendance, le 5 juillet.

Une vieille tradition

La plus mémorable n’est pas forcément la plus imposante. Il s’agit de la toute première, celle du 1er novembre 1962. Après seulement 4 mois d’indépendance, et alors que l’ANP était encore en constitution, l’Algérie a pu présenter des unités disciplinées et surtout bien équipées. Deux navires, des blindés, des avions et même un hélicoptère avaient été présentés.

Dans les années 1960 et 1970, en pleine guerre froide, la parade militaire était un moyen d’exhiber les forces de défense, notamment dans l’ex-bloc socialiste avec les fameux défilés de la place rouge à Moscou et de la place Tiananmen à Pékin.

En Algérie, on se souvient aussi de la parade du 1er novembre 1979, la première sous le président Chadli Bendjedid qui avait succédé quelques mois plus tôt à Houari Boumediene. Ce défilé survenait surtout dans un contexte de fortes tensions avec le Maroc à cause du conflit au Sahara occidental. L’Algérie avait alors dévoilé un matériel militaire sophistiqué.

C’est dans un contexte aussi particulier que survient la parade de ce 5 juillet 2022. Outre les tensions avec le Maroc qui ont mené à la rupture des relations entre les deux pays depuis près d’une année, l’Algérie fait face à des menaces multiples à ses frontières à cause de l’instabilité en Libye et au Sahel.

Par ce défilé militaire de grande envergure, l’Algérie souhaite lancer un message clair à tous ses adversaires potentiels, à savoir qu’elle dispose d’une armée hautement performante capable de faire face à toutes les menaces et à tout type d’ennemi, classique ou non-conventionnel.

D’autant plus que cela intervient après des années de professionnalisation et de modernisation des équipements de l’armée algérienne qui figure désormais en bonne place dans les classements des organismes mondiaux spécialisés. Ce sera d’ailleurs l’occasion de présenter ses acquisitions les plus redoutables, dont, indique le site spécialisé Mena Défense, le système anti-missiles S-300 et le blindé BMPT-62, tous deux de fabrication russe.

En interne, ce défilé pourrait constituer aussi une manière pour l’ANP de réitérer sa cohésion avec le peuple. Les autorités tablent en tout cas sur une forte présence populaire et toutes les dispositions sont prises pour faciliter l’acheminement des citoyens jusqu’aux abords de l’itinéraire de la parade.

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