Le coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Ghares, a été jugé dimanche 26 décembre devant le tribunal de Bab El Oued (Alger).
L’homme politique a été arrêté et incarcéré en juin dernier. Il est poursuivi pour « atteinte à la personne du président de la République, outrage à corps constitué, diffusion au public de publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national, diffusion d’informations pouvant porter atteinte à l’unité nationale et diffusion d’informations pouvant porter atteinte à l’ordre public ».
Le parquet a requis une lourde peine : 3 ans de prison ferme et 100 000 Da d’amende. Le verdict devrait être rendu le 9 janvier prochain.
« D’ici là, il aura passé 6 mois en détention provisoire », souligne Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH).
Salhi estime qu’il s’agit d’un « procès symbole ». Ghares est un homme politique qui active dans un parti dûment agréé. Des milliers d’activistes et de manifestants, et même des journalistes, ont été poursuivis ces trois dernières années, mais Ghares est le premier responsable d’une formation politique à être incarcéré, en plus de Karim Tabbou, coordinateur de l’Union démocratique et sociale (UDS), parti non agréé.
« C’est aussi le procès de la répression”
« Pour nous c’est un procès symbole car c’est le procès de tous les détenus d’opinion au nombre de 310. Les plaidoyers qui ont été faits sont aussi pour tous les détenus d’opinion puisque, finalement, c’est les mêmes chefs d’accusation pour tous », explique Saïd Salhi dans une déclaration à TSA.
« C’est aussi le procès de la répression, un procès qui a permis la mise à nu de la feuille de route autoritaire. Cette dernière a été démontée totalement par Fethi qui a assuré sa propre défense, aux côtés de la vingtaine d’avocats qui l’ont assisté. Tous les chefs d’accusation ont été battus en brèche par Fethi lui-même et la défense. Il n’a fait que défendre ses opinions et assumer son mandat d’un parti de l’opposition agréé », ajoute le défenseur des droits de l’Homme.
Saïd Salhi, qui a assisté au procès, assure que le dossier est « vide ». « Les débats étaient libres, l’accusé et ses avocats ont pu s’exprimer librement, mais on avait en face de nous un dossier totalement vide. Tout ce qui a été soulevé c’est ses publications sur les réseaux sociaux, ils ont même pris ses échanges privés sur Watsapp avec des acteurs politiques et de la société civile. D’ailleurs, les avocats ont pris acte qu’il s’agit d’une atteinte manifeste au secret des communications qui est garanti par la loi et ils ont demandé au juge à ce qu’il écarte totalement cette partie des charges », indique-t-il.
« Ce procès a mis à nu toutes les accusations et nous a confortés dans notre plaidoyer concernant l’abandon de la feuille de route autoritaire et répressive qui est infondée et illégale. Nous réitérons ce que nous revendiquons dès le début, soit l’abandon des chefs d’accusation et nous espérons que la justice prenne le côté du droit. Nous espérons que l’année 2022 sera celle de la libération de tous les détenus d’opinion en Algérie », conclut le responsable de la LADDH.