Le colonel Farouk Achour, directeur de l’information et des statistiques à la Protection civile, fait le point dans cet entretien sur les incendies qui ravagent depuis hier les forêts d’Algérie, notamment la wilaya de Tizi-Ouzou où d’importants dégâts humains et matériels sont enregistrés.
Des incendies se sont déclarés hier lundi dans plusieurs régions d’Algérie. La wilaya de Tizi-Ouzou est la plus touchée. Pouvez-vous nous faire le point sur la situation ?
Durant les dernières 24 heures, les services de secours (de la Protection civile) à travers le territoire national ont été appelés à intervenir pour l’extinction de 36 foyers d’incendies à travers 18 wilayas.
Le plus grand nombre a été enregistré au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou (19 incendies), puis de la wilaya de Jijel et Béjaia (4 incendies chacune), suivies des wilayas de Bouira, Médéa, Tiaret, Sétif, Tébéssa, Bourdj Bou Areridj, Skikda, Guelma, Boumerdes, Khenchela, Blida, Taref et Annaba.
Le nombre le plus important d’incendies a été enregistré au niveau de Tizi-Ouzou avec 19 foyers notamment dans les communes d’Ath Khelidj, Larbaâ Nath Irathen, Ouacif, Beni Douala, Ouadia et Ain Hammam.
Quels sont les moyens mobilisés ?
Jusqu’à maintenant, nous avons procédé à l’extinction de plusieurs foyers d’incendie, au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou mais également dans d’autres wilayas.
Les moyens mobilisés au niveau de la wilaya ont été conséquents, à savoir : en plus des unités territoriales, 12 unités de colonnes mobiles, avec un effectif de 900 officiers, agents et différentes fonctions qui ont principalement participé aux opérations de mise en sécurité des habitations, des infrastructures, notamment les hôpitaux.
Ces efforts ont permis de sauver beaucoup d’infrastructures et surtout beaucoup de vies. Mais malheureusement, malgré tous ces dispositifs opérationnels, nous avons enregistré le décès de six personnes au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou et d’une personne dans la wilaya de Sétif.
La prudence est de rigueur, car lorsqu’on parle de feux de forêts d’une grande ampleur, il faut savoir qu’il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu.
Il ne faut pas oublier qu’il y avait des vents extrêmement violents et des températures caniculaires. Et la difficulté a concerné notamment l’intervention au même moment dans 21 foyers d’incendies qui se sont déclarés à partir de 11 h 00 hier lundi, ce qui a généré une grande difficulté et un problème d’accessibilité.
Quelle est l’origine de ces incendies, notamment dans la wilaya de Tizi-Ouzou ?
Toutes les pistes sont à explorer, et en premier lieu la piste criminelle. Avoir autant d’incendies au même moment laisse place à des questions. Il faut être vigilant. Il faut que tout le monde s’implique pour préserver nos massifs forestiers.
J’aimerais aussi rendre hommage à la population, qui était là, qui a apporté de l’assistance et qui a participé activement aux opérations d’extinction.
Est-ce qu’il y a une enquête pour connaître l’origine de ces incendies ?
Actuellement, il est difficile d’entamer une enquête. Nous sommes concentrés sur les opérations d’extinction. Une fois achevées, un dispositif de surveillance sera installé.
A la fin des opérations d’extinction, il y aura bien sûr des enquêtes très poussées, grâce à la compétence de nos techniciens et des services de sécurité en matière d’origines des incendies.
18 wilayas sont touchées par des incendies au même moment. Les services de la Protection civile ont-ils les moyens d’intervenir dans toutes les régions touchées ?
La Protection civile a mis en place un dispositif très conséquent. On est passés de 32 colonnes mobiles à 56 colonnes mobiles, indépendamment du renforcement des capacités des unités territoriales, et de l’ouverture de nouvelles unités sur l’ensemble des wilayas. D’année en année, nous renforçons ce dispositif.
Il faut savoir aussi que lorsque vous avez un nombre aussi important de foyers d’incendies au même moment, dans une région où il y a beaucoup d’habitations qui se situent soit à proximité des forêts ou à l’intérieur même des forêts, la tâche n’est pas aisée.
A Tizi-Ouzou par exemple, il fallait mettre en place rapidement un plan opérationnel et l’exécuter avec comme pour objectif primordial la préservation des vies humaines.