Ce mardi 22 février marque le troisième anniversaire du soulèvement populaire pacifique qui avait mis fin à un long règne de prédation et de corruption de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika.
Trois ans après le 22 février 2019, quel bilan tirer de ce mouvement d’essence démocratique ? Le Front des forces socialistes (FFS) déplore, dans un communiqué publié ce mardi, que la réaction du « pouvoir n’a pas été à la hauteur du génie du peuple ».
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Pour le plus vieux parti d’opposition en Algérie, les réponses aux interrogations des masses populaires « n’ont pas été à la hauteur des aspirations des Algériennes et des Algériens ainsi que leurs espoirs ».
Dans son communiqué signé par son premier secrétaire, Youcef Aouchiche, le FFS affirme que « le pouvoir s’est laissé aller à sa réaction traditionnelle et à la politique de la force et du tout-sécuritaire, en vue de gérer cette période, tout en imposant sa conception et sa vision sans en référer aux forces sociales actives ».
Une attitude, poursuit le FFS, qui va irrémédiablement se traduire par un « recyclage de l’échec » avec au bout une « perte » de temps et d’occasions pour amorcer le changement et le développement « portées par la révolution populaire du 22 février ».
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Le plus vieux parti de l’opposition en Algérie estime que si des acteurs nationaux ont échoué « à bâtir un véritable rapport de force face au pouvoir du fait accompli », c’est à cause « soit de la radicalisation de certains d’entre eux, ou du manque de maturité et le positionnement idéologique ».
« Recul palpable des libertés »
Le FFS estime que la non prise en compte des revendications populaires « légitimes » a entraîné une détérioration de la situation « sur tous les fronts ». Il déplore un manque de « visibilité » et regrette l’absence d’un « projet national rassembleur aux contours bien définis ».
Au plans social et économique, le Front des forces socialistes constate qu’en dehors de la hausse des prix du pétrole « tous les indicateurs virent au rouge : une précarité sans précédent, absence d’une vision prospectiviste, recours répétitif à la politique du bricolage, détérioration du pouvoir d’achat, chômage galopant, etc. ».
Un état des lieux « qui a causé une situation de crispation sociale sans précédent dont les conséquences seront désastreuses si on ne s’attelle pas à trouver les solutions de manière urgente ».
Au plan des libertés, le FFS déplore un « recul palpable des libertés individuelles et dans le domaine des droits en général». Il rappelle « les arrestations, les poursuites et les restrictions quotidiennes à l’encontre de toutes les personnes qui portent une vision différente de celle du pouvoir ».
« Une stratégie répressive en faveur de laquelle (le pouvoir) a mobilisé les services de sécurité et la justice, adossée à une propagande reposant sur la subversion et en noyant la société dans des faux débats », ajoute le FFS.
Le FFS réitère son appel « pour la libération des détenus d’opinion arbitrairement emprisonnés et l’annulation de toutes les poursuites à leur encontre » et à la cessation des harcèlements et les restrictions visant les acteurs politiques, syndicaux, associatifs et médiatiques.
Le parti fondé par feu Hocine Ait Ahmed appelle enfin à « lever tous les verrous entravant les libertés individuelles et collectives » et d’œuvrer à installer un climat social empreint de sérénité et de calme.