Le Conseil national du FFS qui devait se tenir ce samedi 13 avril au siège du parti, a été empêché. Des violences ont éclaté ciblant notamment Ali Laskri membre de l’instance dirigeante du parti, qui a été sorti de force par des militants. Que s’est-il passé ? Ali Laskri livre sa version des faits.
Que s’est-il passé aujourd’hui au siège du FFS ?
C’est un véritable putsch. Le Conseil national devait se tenir aujourd’hui, dans le cadre des statuts et du règlement intérieur. Les membres du Conseil national sont venus. Mais des camarades députés avec le P/APW de Bejaïa ont ramené des gens dangereux au siège national et ont utilisé la force. Ils ont tout cassé : la porte d’entrée du siège du parti ou encore celle de mon bureau. Il y a eu des bousculades, des camarades m’ont protégé. Ils ont fait un putsch avorté le 8 mars et cette fois-ci ils ont mobilisé des gens vraiment très dangereux. Ils ont ramené des fonctionnaires de l’État de Tizi Ouzou et de Bejaïa et un peu de partout, des gens très dangereux qui ont commencé à casser et à tout détruire. Ces gens ont attaqué le siège du parti d’une manière violente.
Qui a mené cette fronde?
Cette fronde a commencé depuis le 22 février, soit depuis que le peuple est sorti dans la rue. Dès le 29 septembre, j’ai appelé à revenir à la rue parce qu’aujourd’hui la volonté politique est inexistante. Des propositions de sortie de crise, on en a fait beaucoup et la dernière a c’était en 2014. J’avais dit qu’ils allaient à un mandat à vie et que les marches ne devaient plus se focaliser uniquement à Tizi Ouzou, que la contestation populaire doit être aussi dans les 48 wilayas, histoire aussi de libérer Alger. Il y avait des camarades qui étaient contre toute marche, contre tout espace à gagner, ils étaient plutôt pour les salles.
Depuis 2006, il n’y a eu aucune marche du FFS en Kabylie, ni dans les autres régions du pays. Personnellement j’ai fait toutes les marches à Alger (depuis le 22 février), le peuple a marché avec moi : des jeunes, des femmes, etc. Et jamais un citoyen algérien ne m’a dit un mot déplacé. Au contraire, ils ont pris des photos, étaient très contents du FFS, ils ont dit que si feu Si L’Hocine (Hocine Ait Ahmed) était encore vivant il aurait marché.
Moi je dis que les problèmes au sein du parti ont commencé depuis le 25 janvier. On m’a fait le même coup en 2006, mais on n’a pas réussi à m’enlever. Malheureusement, ça se répète aujourd’hui, surtout ça vient des députés et aussi des élus de Tizi Ouzou et de Béjaia. Il y a certains parlementaires du FFS qui travaillent avec les officines, aujourd’hui ils sont apparus au grand jour. Ils sont venus au siège pour détruire le parti. Depuis que les évènements ont commencé en Algérie, on n’a pas laissé le FFS tranquille. Lahouari Addi a cité nommément le DRS. Et à chaque fois qu’il y a des échéances importantes, le premier parti qui est touché c’est le FFS. Ils ont tout fait pour destituer Si L’Hocine en 1995 mais ils n’ont pas pu. Ils ont réussi avec feu Mehri, Djaballah n’a été épargné et même Louisa Hanoune, ils ont un moment tenté de la neutraliser.
Et pourquoi s’en prennent-ils à vous ?
Je ne sais pas, il faut leur poser la question à eux. Je sais que les officines ont agi parce que lorsqu’on a boycotté les élections, nous avions alors dit que ce n’était pas une élection présidentielle, on a demandé à tous les candidats de se retirer. Nous avons appelé à un changement radical et pour le départ du régime. Je le dis et j’en suis fier, ce qui se passe dans la rue c’est grâce au FFS, c’est son projet et sa pensée.
Pouvez-vous nous citer quelques noms ?
Depuis le boycott du 25 janvier, des camarades de l’instance ont été « pris en charge », manipulés et utilisés pour venir faire de la casse. Ce n’est pas statutaire ni réglementaire ce qui s’est passé aujourd’hui. C’est très grave.
En février, les députés du FFS ont repris leurs activités au Parlement alors qu’on a suspendu notre participation aux activités parlementaires à partir du 25 octobre lorsqu’on a cadenassé le siège de l’APN. En marge de la conférence des élus qu’on a faite le 25 octobre, j’ai réuni les parlementaires du groupe et leur ai dit que l’Algérie avait donné une image honteuse dans le monde. On avait alors suspendu nos activités.
Depuis, le groupe parlementaire s’est mobilisé pour neutraliser le parti à tout prix. Malgré que la décision été prise par les instances du parti, les camarades n’ont malheureusement pas respecté la décision de retrait. Le seul conseil national légal était celui du 25 janvier, et celui qui devait se tenir aujourd’hui qu’ils n’ont pas laissé se tenir.