Société

Flambée du covid en Algérie : la pression monte sur le gouvernement

L’Algérie est confrontée à une flambée inquiétante de la pandémie de covid-19. Depuis le 1er juillet, la courbe des contaminations n’a pas cessé de franchir les seuils jusqu’à atteindre le pic de 1.350 nouveaux cas vendredi 23 juillet.

Certes le chiffre en  lui-même n’est pas alarmant comparativement à ceux enregistrés dans d’autres pays, mais les informations en provenance des hôpitaux sont extrêmement inquiétantes.

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D’abord, sur les réseaux sociaux, citoyens et soignants, alertent quotidiennement sur la saturation des hôpitaux, la hausse du nombre de décès et les pénuries d’oxygène. Ensuite, les spécialistes affirment que les bilans du ministère de la Santé ne reflètent pas la réalité du terrain qui est beaucoup plus grave.

Face à la flambée du covid-19, les soignants demandent le durcissement du confinement, le respect des mesures barrières ainsi que des solutions pour l’épineux problème de la disponibilité de l’oxygène. Des hôpitaux comme celui de Boghni (Tizi-Ouzou) ont lancé des appels à l’aide.

Ce dimanche 25 juillet, le Pr Rachid Belhadj, responsable des activités médicales et paramédicales du CHU Mustapha-Bacha d’Alger, a appelé à l’instauration d’un « état d’urgence sanitaire » pour faire face à la situation qu’il décrit comme « catastrophique ».

Les chiffres qu’il a révélé donnent froid dans le dos : 18 morts à l’hôpital Mustapha- Bacha rien que dans la nuit de samedi.

Pr Belhadj n’est pas le seul à alerter sur la gravité de la situation. De nombreux spécialistes qui s’expriment sur la question mettent en garde contre une dégradation incontrôlable de la situation.

En face, le gouvernement garde étrangement le silence. Ni la saturation des hôpitaux ni les pénuries d’oxygène n’ont fait réagir le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane qui ne s’est pas encore exprimé sur la situation sanitaire qui prévaut dans le pays. Il a été lui-même atteint pas le virus et n’a repris le travail que le 19 juillet.

Dans certaines régions du pays, les autorités locales, walis ou maires, ou même parfois des citoyens, ont pris l’initiative de prendre des mesures drastiques, comme le retour au confinement.

Des partis politiques montent au créneau

Tous les regards sont braqués sur ce que décidera le Conseil des ministres, qui se réunit ce dimanche 25 juillet. En attendant, la classe politique se met de la partie et interpelle aussi le gouvernement, l’appelant à assumer ses responsabilités.

Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a alerté sur la gravité de la situation sanitaire. « La situation épidémiologique dans notre pays se complique jour après jour. Le nombre de décès dus à la pandémie augmente, les quantités d’oxygène disponible baissent et les capacités d’accueil des structures hospitalières s’amoindrissent », déplore Makri dans une déclaration mise en ligne samedi.

Aussi, le président du MSP appelle « le gouvernement et les autorités officielles à assumer leurs responsabilités pour prendre en charge la situation » et « trouver des solutions afin de sauver des vies, traiter les malades et réduire les contaminations ». Abderrazak Makri a aussi invité les citoyens à faire preuve de vigilance en respectant strictement les mesures-barrières.

De son côté, Hakim Belahcel, membre de l’instance présidentielle du Front des forces socialistes (FFS), parle d’ « hécatombe » induite par « l’irresponsabilité »

 « La troisième vague de la covid 19 continue à faire des ravages dans notre société. Des milliers de contaminations et des dizaines de pertes humaines sont hélas recensées quotidiennement à l’échelle nationale », constate-t-il dans une déclaration rendue publique ce dimanche.

Belahcel pointe du doigt une « gestion chaotique » de la crise sanitaire par les pouvoirs publics qui « dévoile au grand jour, l’incapacité de la tutelle à apporter des solutions promptes et efficaces aux urgences de l’heure ».

« On continue à naviguer  à vue, sans tableau de bord et sans prospective, abandonnant le gouvernail, à l’improvisation et à l’amateurisme », pendant que « les gens meurent, suffoquent par manque d’oxygène médical ou par manque de personnel médical qui est hélas, submergé par l’ampleur du drame sanitaire », dénonce-t-il.

Tout en regrettant « l’absence de statistiques fiables et scientifiques » et cette situation de « confusion générale », le responsable du FFS appelle à « décréter  un confinement général ou limité dans les localités qui connaissent une forte contamination,  évidemment en étroite concertation avec les spécialistes et les collectivités locales ».

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