Depuis quelques jours, c’est la cacophonie à la tête du FLN. Le secrétaire général Djamel Ould Abbes est annoncé démissionnaire, puis convalescent, ensuite toujours en poste.
On ne sait toujours pas avec certitude ce qu’il s’est réellement passé ce mercredi 14 novembre ni ce qui se trame en ce moment au sein du vieux parti et au-delà, au sommet de l’État.
On sait juste qu’une dépêche de l’agence officielle, citant des sources tout aussi « officielles », a annoncé la démission de Djamel Ould Abbès de son poste de secrétaire général du parti majoritaire, poste qu’il occupait depuis un peu plus de deux années.
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Mais le communiqué rendu public samedi 17 novembre, au nom du secrétaire général, portant son cachet mais pas de signature, est un démenti formel à la teneur de la dépêche de l’APS. « Le secrétaire général du FLN, le docteur Djamel Ould Abbes, affirme qu’il est en période de repos après le problème de santé dont il a été victime », écrit le parti dans son communiqué. Un peu plus tôt, le chef du groupe parlementaire du FLN, M. Bouabdallah, affirmait à peu près la même chose : « Monsieur le secrétaire général ne s’est pas retiré et il n’a pas démissionné. Il est malade et nous lui souhaitons un rétablissement rapide. »
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Dans les deux sorties, pas un mot sur la nouvelle direction collégiale dirigée par le président de l’APN, Mouad Bouachareb, pourtant bien effective. La réunion des partis de l’Alliance présidentielle, tenue dimanche 18 novembre, n’a pas permis d’en savoir plus. Le FLN y a été représenté par Ahmed Boumahdi et Mustapha Rehiel, membres du bureau politique. L’absence de Bouachareb à cette réunion ne pouvait rien signifier, étant donné que la réunion n’a pas concerné les premiers responsables des partis en question.
Jusqu’à preuve du contraire donc, Mouad Bouchareb est le nouveau patron du parti majoritaire au moins, assurent des sources informées, jusqu’à l’élection présidentielle de 2019. Djamel Ould Abbès, lui, est en « convalescence ».
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S’il est certain qu’il a été instruit de jeter l’éponge en pleine préparation des sénatoriales partielles de décembre, en lien sans doute avec la grande bataille de 2019, il n’en reste pas moins que ses soucis de santé sont bien réels, si l’on croit la version officielle. Un repos de 45 jours lui aurait été prescrit suite à un malaise qu’il a eu le jour même de l’annonce de son départ.
« C’est en fait bien calculé de sa part et de la part de ceux qui l’ont poussé vers la porte, explique une source au fait des affaires du vieux parti. Un congé plus court n’aurait pas justifié l’installation d’un intérimaire ou d’un directoire. À contrario, une plus longue période de convalescence lui ferait perdre de facto son siège de sénateur dans le tiers présidentiel. Ce sera difficile de reconduire au Conseil de la Nation un homme que sa santé empêche d’assurer ses fonctions au sein de son parti. Or, les nominations dans le tiers présidentiel interviendront début janvier ». Soit précisément dans 45 jours, le compte est bon.
Simple calcul de Djamel Ould Abbès ou deal passé avec la partie qui a jugé inopportun son maintien à la tête la tête du FLN en cette période de fortes turbulences ? Rien ne permet d’affirmer quoi que ce soit, même si on sait que l’homme n’a jamais caché son ambition de devenir le deuxième personnage de l’État en présidant le Conseil de la Nation. Abdelkader Bensalah, malade, serait partant en janvier justement…
Quoi qu’il en soit, la situation n’est pas près de s’éclaircir au FLN. Aux sorties de certains membres de la direction, comme celles citées plus haut, on comprend bien que des velléités de résistance à l’intronisation de Bouchareb existent. Sauf que ni Boumahdi ni Bouabdallah ne peuvent mettre en avant la légalité pour contester quoi que ce soit, sachant que toutes les décisions et toutes les nominations-à commencer par le BP- postérieures au dernier comité central sont frappées de sceau de l’illégalité, d’où les réactions timorées auxquelles on assiste.
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Il est facile de crier à la transgression du règlement intérieur qui stipule que la fonction de SG est assumée, en cas de vacance, par le membre le plus âgé du Bureau politique. Mais l’exercice devient un peu plus compliqué quand on se rappelle que les membres de ce même Bureau politique ont été désignés par Djamel Ould Abbès et non par le Comité central, comme le prévoit sans ambiguïté le même texte…