La colère gronde chez les militants et cadres du FLN au lendemain de l’élection de Mohamed Djemai à la tête du parti. Le plus affecté est indéniablement Abdelkrim Abada. 24 heures après l’annonce des résultats, le coordinateur du mouvement de « redressement » est encore « sous le choc ».
« C’est une véritable catastrophe pour le parti. Je ne peux m’exprimer davantage, je suis encore sous le choc. Et je ne suis pas le seul, les militants FLN et même les citoyens sont sous le choc. On ne s’attendait pas à cela » explique-t-il dans une déclaration à TSA. Selon, lui « c’est une mafia qui s’est emparée du parti. C’est le résultat de la politique de Saadani et de Belkhadem ». Visiblement très affecté, Abdelkrim Abada a même annulé son passage dans une émission de télévision. Le temps de reprendre ses esprits.
Mohamed Seghir Kara : « c’est un jour de deuil pour nous »
Mohamed Seghir Kara est formel : « Tous les militants rejettent de façon catégorique ce SG ». Selon l’ancien ministre, « le 30 avril est un jour de deuil pour nous ».
Le comité central qui a élu Djemai est qualifiée « d’illégitime » par Mohamed Seghir Kara, au motif que « la composante du CC ne remplit pas les conditions requises pour figurer au sein de cette instance ».
« Les membres du CC sont des intrus au parti. Ce sont ceux qui les ont ramené qui symbolisent la corruption », affirme-t-il, précisant que cette instance est « en total décalage avec l’actualité politique actuelle et compromet les espoirs suscités dans la lutte contre la corruption ».
Boualem Djaffer, ex-sénateur : « on va saisir le conseil d’État »
Boualem Djaffer, ancien sénateur et un des leaders de la contestation, rejette les résultats de l’élection. Son argument : « cette élection est la résultante d’un congrès (le 10e) biaisé qui a été fait sur mesure pour préparer le 5e mandat de Bouteflika ».
Selon lui, « les membres du comité central sont des indus militants et des intrus dont essentiellement d’anciens ministres. Les vrais militants qui défendent les valeurs du parti sont à l’extérieur du CC. Ils ont été marginalisés et éjectés du 10e congrès ».
Après le mécontentement, les contestataires ne comptent pas rester les bras croisés. « Nous allons remettre sur la table l’arrêté du conseil d’État qui avait interdit la réunion du CC devant conduire au 10e congrès », affirme notre interlocuteur. La remise au gout du jour de la décision du Conseil d’État aura pour conséquence d’invalider par ricochet le CC ayant élu Djemai à la tête du parti, estime-t-il.
« Djemai est venu au FLN par cooptation »
Mustapha Khodja, ancien membre du CC et ex-mouhafed, soutient : « On s’attendait à un meilleur choix de SG ». Il ajoute : « On aurait aimé donner au FLN la possibilité de s’épanouir et accompagner le mouvement populaire actuel ».
Selon lui, « cette élection est pratiquement un aboutissement fatal du 10e congrès. On subit les conséquences des dérives des différentes directions. Elles n’ont pas cessé de déraper ».
M. Khodja explique que « Djemai n’avait même pas la qualité d’être candidat au poste de SG. Il était député indépendant et il est venu au FLN par cooptation ».
Bouchareb réunit son instance demain
L’instance exécutive dirigée par Mouad Bouchareb se réunira demain pour réagir à l’élection de Mohamed Djemai. Toujours en vigueur, cette instance ne s’avoue pas vaincue même si elle est « très affectée par l’élection de Djemai ».
« On se réunira pour voir comment contre attaquer, parce qu’il n’est pas question pour nous d’accepter ce résultat », affirme un membre de cette instance.