La crise au FLN risque de durer. La désignation de Mouad Bouchareb à la tête d’une instance intérimaire ne fait pas l’unanimité au sein du vieux parti qui devra sans doute vivre un autre épisode de tiraillements et de tractations pour se choisir un nouveau timonier en remplacement de Djamel Ould Abbès.
Des sources au sein du parti majoritaire ont confié, ce mercredi à TSA, qu’il y a plus que de la résistance à l’intronisation du président de l’APN. De nombreux cadres et militants le contestent ouvertement et l’option serait même tombée à l’eau, ajoutent nos sources. » Je pense que l’option n’est plus d’actualité », a confié un haut responsable du parti.
Une hypothèse corroborée par les faits, puisque une semaine après l’annonce de sa désignation pour assurer l’intérim, le jeune député de Sétif n’a pas encore fait son baptême du feu, en ce sens qu’il n’a pas encore effectué sa première activité en lien avec sa nouvelle fonction.
Son absence à la réunion des partis de l’Alliance présidentielle, dimanche dernier, était expliquée par le fait que la rencontre ne concernait pas les premiers responsables des formations politiques en question, le RND, le MPA et TAJ ayant eux aussi délégué des seconds couteaux. Mais avant cette réunion, des cadors du parti s’étaient exprimés publiquement et de leurs propos, il en ressortait que la gestion du départ de Djamel Ould Abbès ne se déroulait pas sans anicroches.
Samedi 17 novembre, un surprenant communiqué du parti tombe dans les rédactions. Endossé au secrétaire général, portant son cachet mais pas sa signature, le communiqué démentait la démission de Ould Abbès, telle qu’annoncée et rapportée jusque-là. « Le secrétaire général du FLN, le docteur Djamel Ould Abbès, affirme qu’il est en période de repos après le problème de santé dont il a été victime ». Soit un démenti formel à la dépêche de l’agence officielle qui, trois jours plutôt, annonçait la démission pour raisons de santé de celui qui dirigeait le vieux parti depuis octobre 2016.
L’information émanait d’une « source officielle » que l’agence n’a pas nommée. Ahmed Boumahdi, doyen du Bureau politique, enfonce le clou le même jour et exhorte l’APS à dévoiler sa source. « Je ne connais pas la source officielle sur laquelle l’Agence de presse service s’est basée pour donner l’information de la démission de Ould Abbès, alors que nous ne sommes pas au courant », déclare-t-il à TSA Arabi.
Pour lui, tout ce qu’il y a c’est que Djamel Ould Abbès a « eu un problème de santé » et se retrouve en « convalescence ». Il n’a donc pas démissionné de son poste. Surtout, M. Boumahdi s’est élevé contre la manière avec laquelle un successeur a été désigné. « Il n’est pas possible de destituer un SG du FLN et de nommer un autre de cette façon », tonne-t-il.
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En fait, Boumahdi n’a fait que répéter ce que les observateurs avaient relevé dès que le nom de Bouchareb avait été évoqué : une entorse à la légalité. « Le FLN a ses statuts et le règlement intérieur précise qu’en cas de maladie du SG, c’est le membre le plus âgé du BP qui prend l’intérim et l’article 36 du même règlement dispose qu’en cas de démission du SG, le Comité central se réunit pour élire un nouveau secrétaire général », rappelle-t-il.
Presque simultanément, le chef du groupe parlementaire du parti, Mohamed Bouabdallah, abondait dans le même sens : « Monsieur le secrétaire général ne s’est pas retiré et il n’a pas démissionné. Il est malade et nous lui souhaitons un rétablissement rapide. »
Ce mercredi 21 novembre, Abderrahmane Belayat, ancien dirigeant du parti connu pour ne pas porter Djamel Ould Abbès dans son cœur, sort de son silence pour charger ce dernier mais aussi pour insister sur la nécessité de respecter les textes qui régissent le fonctionnement du parti.
La désignation de Mouad Bouchareb à la tête de l’APN en octobre dernier suite à un rocambolesque coup de force des députés, soutenus entre autres par Djamel Ould Abbès, était déjà frappée du sceau de l’illégitimité. Sa prise en main des destinées du FLN l’est tout autant puisque le règlement intérieur du parti est d’une limpide clarté et ne prévoit aucunement l’installation d’un directoire ou de toute autre instance provisoire.
Reste à se demander si ceux qui le contestent ouvertement aujourd’hui n’agissent pas sur « injonction » et ont réellement le souci de sauvegarder les formes, s’étant eux-mêmes accommodés d’une grave entorse à la légalité en acceptant par exemple que les membres du bureau politique soit désignés par le SG et non par le comité central, comme le veulent justement les mêmes textes qu’ils mettent en avant.