La contestation gagne le FLN. Des cadres du parti ont diffusé, ce mercredi 27 février, un communiqué dans lequel ils contestent « l’instance de direction illégitime » de leur parti installée après le départ de Djamel Ould Abbès en novembre 2018.
Les auteurs du communiqué se présentent comme étant des « membres du Comité central et des Secrétaires de Mouhafadhas ». Parmi les signataires, figurent d’anciens membres du bureau politique qui en ont été exclus en juin 2018, dont Rachid Assas et Abou El Fadel Baâdji ainsi que des membres du dernier BP avant sa dissolution, comme Bedeaida Said et Ahmed Boumahdi.
« Le FLN ne sera pas un jour contre les aspirations du peuple algérien »
« Le FLN n’a pas été et ne sera pas un jour contre les aspirations du peuple algérien qui l’ont mené à l’indépendance et à la liberté et lui ont permis de construire un État moderne à l’ombre duquel nous jouissons aujourd’hui des vertus de la sécurité et de la stabilité », affirment les auteurs du communiqué. Pour eux, « Le FLN a eu un rôle dans toutes les réformes politiques, sociales et économiques […] notamment la liberté d’expression individuelle et collective, la liberté de la presse, des associations et de création de partis ».
« Le Comité central se démarque des comportements et déclarations irresponsables émanant de certaines parties, surtout venant de celui qui est appelé le coordinateur de l’instance de direction illégitime et éloignée du discours réel du parti du FLN et ses valeurs ainsi que des principes du premier novembre et des lois de la République », poursuivent les signataires. Ils demandent « au président du parti », à savoir Abdelaziz Bouteflika, « d’intervenir pour remettre le parti dans son état réglementaire naturel conformément aux lois de la République et à celles du parti ».
« Nous comprenons et saluons l’esprit de responsabilité de tous ceux qui ont participé aux manifestations pacifiques qui ont montré le comportement civilisé du peuple algérien », écrivent les membres du FLN, qui saluent également « tous les corps de sécurité pour les efforts qu’ils ont fourni dans l’encadrement de ces manifestations pacifiques ».
Une rencontre du Comité central
Ahmed Boumahdi, un des signataires de la déclaration et membre du dernier bureau politique désigné en juin 2018 du temps d’Ould Abbès prend les devants dans la sollicitation des contestataires de l’ex-parti unique. « Nous sommes en train de nous concerter en vue de tenir une rencontre du Comité central », a-t-il affirmé dans une déclaration à TSA.
« Nous devons nous réunir en tant que Comité central parce que les mouhafadhates sont fermées, il y a une instruction pour dissoudre les kasmates en dehors de toute légalité », a-t-il expliqué, précisant que « les gens qui appellent à cela n’ont aucune légitimité ni légalité dans la prise de décision ».
« C’est le comité central qui a la souveraineté suffisante pour prendre des décisions de cette envergure », a-t-il tranché.
Sollicité à propos de la position du coordinateur de la direction transitoire du parti Mouad Bouchareb par rapport à leur exigence, Ahmed Boumehdi qui fait observer que « nous ne l’avons pas sollicité » soutient : « Nous n’avons aucun communiqué qui parle de la désignation de Bouchareb. L’information faisant état de la nomination de Bouchareb en tant que coordinateur du parti, nous l’avons juste vu à la télévision. Légalement, il n’y a aucune nomination puisqu’il s’agit d’une prérogative du comité central ». « La décision de sa nomination n’est pas légale et n’est pas officielle pour nous » a-t-il affirmé appelant à l’impératif de tenir « une rencontre du Comité central et revenir à cette instance légale du parti », a-t-i poursuivi.
Houcine Khaldoun : « J’ai décliné l’invitation à la rencontre »
Hocine Khaldoun, l’ancien membre du Bureau politique et membre du Comité central a refusé de prendre part à la rencontre : « On m’a convié à la rencontre mais j’ai refusé de participer car j’ai une toute autre vision des choses », a-t-il expliqué dans une déclaration à TSA, précisant qu’il a une vision tout à fait opposée au groupe de Boumehdi : « Je suis en faveur d’un rassemblement large des militants en vue de tenir un congrès extraordinaire ».
Plusieurs autres cadres du parti déclinent l’offre de Boumehdi estimant que Bouchareb a été nommé coordinateur du parti par le président du parti en l’occurrence le président de la République et c’est lui et seulement lui qui est à même de le démettre de son poste.