La guerre entre le FLN et l’ONM est déclarée. Moins de 24 heures, après le nouvel appel lancé dimanche soir par le SG par intérim de la puissante organisation des Moudjahidin pour la suppression du sigle FLN du nom du Parti du Front de libération national (PFLN), la direction de l’ex-parti unique a réagi avec virulence, ce mardi 20 août.
Piqué au vif, le parti que dirige Mohamed Djemiai ne prend pas de gangs. Dans un communiqué, il qualifie de « dérive dangereuse » l’appel de Mohand Ouamar Benelhadj. Et sans sourciller, la direction du FLN enfonce le clou, en accusant le SG par intérim de l’ONM de « servir des agendas cachés » qui « se croisent avec d’autres appels qui ont des prolongements à l’étranger, dans l’objectif de réaliser ce que le colonisateur français n’a pas pu faire, et qui est celui de dépouiller l’Algérie de sa glorieuse histoire ».
La virulente réplique du FLN intervient, ce mardi 20 août, date symbolique du double anniversaire des attaques du Nord constantinois en 1955, et la tenue du Congrès de la Soummam en 1956.
Le FLN, affaibli par son soutien au président déchu, tente de revenir sur la scène politique, affronte l’ONM qui était l’une des organisations satellitaires de l’ex-parti unique, qui a été pendant longtemps une des béquilles du régime.
L’échange entre les deux parties illustre les divisions au sein du système, confronté à une crise d’une ampleur inédite, depuis le début du mouvement populaire le 22 février.
Prêt à défendre son statut de parti-État coûte que coûte, la direction du FLN s’en prend violemment à Mohand Ouamer Benelhadj en soulignant son « appartenance politique haineuse vis-à-vis de la doctrine militante du parti. » Sans préciser la couleur politique de son adversaire, le FLN dénonce aussi une « ingérence » dans ses affaires internes et « se dit prêt à affronter tous ceux qui oseront s’attaquer au parti ».
Le FLN demande aussi implicitement aux membres du secrétariat de l’ONM de destituer Benelhadj. « Nous demandons au membre du secrétariat national et aux secrétaires de wilayas et tous ses membres, de veiller à la sacralité de l’Organisation, et son illustre image, qui est liée à la génération de la révolution, et de faire face aux dérives dangereuses et les interventions grossières du nommé Mohand Ouamar Benelhadj », conclut le FLN dans son communiqué.
La violente charge du FLN contre la personne de Mohand Ouamar Benelhadj révèle la sensibilité de la question de l’avenir politique de l’ex-parti unique, en proie à une crise interne sans précédent. Et le coup de boutoir Mohand Ouamar Benelhadj l’a ébranlé davantage, tout en relançant le débat sur la légitimité de la direction du parti. Dans une déclaration à TSA Arabi, Abdelkrim Abada, figure emblématique du mouvement de redressement au sein de l’ex-parti unique, préconise carrément « la dissolution du FLN pour le sauver de sa direction actuelle, qu’il a qualifiée de issaba ».