L’activité « prêt » domine le bilan du Fonds nationale d’investissements (FNI). En 2017, cette activité a représenté 78% du total de ses engagements, selon des documents comptables obtenus par TSA. Elle est en hausse très sensible de près de près de 37 % par rapport à 2016.
En fait, les activités du FNI ont surtout contribué aux programmes d’investissement de nombreuses entreprises publiques. Cette préférence pour le secteur public s’est exprimée essentiellement par des injections massives de capitaux dans un certain nombre d’entreprises réputées « stratégiques ».
Les conditions préférentielles accordées par le FNI à ces grandes entreprises publiques, qui en ont jusqu’ici été les bénéficiaires quasi exclusives ; se traduisent par des prêts à échéances beaucoup plus longues (au moins 20 ans en général) que celles pratiquées par les banques commerciales, ainsi que des taux d’intérêt fortement bonifiés.
Des participations dans plusieurs entreprises
Les prises de participation dans le capital de différentes entreprises représentent pour leur part 17 % du total de l’actif du FNI à fin 2017. Le total de ces participations s’élève à 265 milliards de dinars à la fin 2017 dont 243 milliards (près de 90%) ont été consacré à la seule « méga acquisition » de 51 % du capital de l’opérateur téléphonique Djezzy.
Au cours de la période 2014 – 2015, on a ainsi assisté à un changement d’échelle dans le niveau des prises de participations du Fonds national d’investissement.
Les décisions d’associer le FNI au capital du projet Renault au côté de la SNVI, puis à celui du complexe sidérurgique de Bellara aux côtés de Sider et Qatar Steel, avant l’annonce spectaculaire de la prise de contrôle de Djezzy, traduisaient clairement une montée en puissance dans les interventions financières du FNI qui semblait appelé à devenir ainsi un instrument privilégié des politiques mises en œuvre par les pouvoirs publics algériens.
C’est ce que confirmait le DG de l’institution, Ahcène Haddad, qui annonçait, dans une de ses rares interventions publiques, d’autres investissements dans une série de secteurs « stratégiques » en citant notamment la sidérurgie, la mécanique , la pharmacie etc…
Dans la période qui a suivi l’acquisition-nationalisation de Djezzy en janvier 2015, les pouvoirs publics semblent cependant avoir éprouvé le besoin de marquer une pause et ces annonces n’ont pas été suivie d’effets. C’est ainsi qu’en 2017 le niveau des prises de participations du FNI est totalement stable par rapport à l’année 2016.
Le FNI au secours du programme AADL
En 2018, si on en croit le premier ministre, les engagements du FNI sous forme de prêts devraient continuer à augmenter de façon sensible. Le gouvernement compterait désormais sur une intervention « massive » du Fonds National de l’Investissement pour assurer les financements nécessaires au programme AADL.
Selon les explications données aux députés par Ahmed Ouyahia, le programme AADL va se passer des concours définitifs du budget de l’Etat qui seront remplacés par des crédits du FNI à hauteur de 250 milliards de dinars. Des crédits qui bénéficieront d’un taux d’intérêt bonifié de 1% et d’un remboursement étalé sur 30 ans.
Le financement des PME en question
Une utilisation de ses ressources qui ne correspond pas vraiment à sa vocation initiale. Pour beaucoup d’observateurs et d’agents économiques, le Fonds National d’Investissement aurait sans doute mieux à faire dans la période présente que de financer des programmes de logements sociaux.
L’un des principaux sujets de controverse au sujet de cette institution concerne en effet sa contribution au développement du secteur privé national. La plupart des informations disponibles indiquent que les ressources du Fonds ont été pour l’essentiel consacrées au financement des entreprises publiques dans le cadre de la priorité franche réservée à ces dernières par les orientations de l’exécutif.
Les statuts du FNI prévoient pourtant clairement qu’il finance « le développement de l’investissement productif » aussi bien des entreprises publiques que des entreprises privées. Des voix se sont déjà élevées, notamment à l’occasion des dernières « Tripartites », au sein des associations patronales, ainsi que dans le secteur bancaire privé, qui réclament une contribution plus active du Fonds National d’Investissement à la dotation des entreprises privées nationales en fonds propres ou sous forme de prêts à long terme.
Cette intervention du fonds public serait pour beaucoup d’opérateurs de nature à stimuler le développement de nombreuses entreprises privées en leur permettant de grandir en proposant des projets « bancables » aux institutions financières classiques.
C’était d’ailleurs l’objectif de l’instruction donnée par un célèbre Conseil des ministres réunis en février 2011. Il enjoignait pour la première fois au Fonds National d’Investissement d’intervenir sous forme de prise de participation dans le capital d’entreprises privées jusqu’à hauteur de 34%. Malheureusement, on n’enregistre encore dans ce domaine, à notre connaissance, qu’un nombre insignifiant voir nul de dossiers traités.