Ce n’est pas le temps des regrets, le coach national actuel Djamel Belmadi faisant un travail plus que satisfaisant avec en prime des résultats dépassant toutes les espérances, mais l’aura de Vahid Halilhodzic auprès du public algérien est toujours intacte.
Les propos de l’ancien sélectionneur des Verts ne laissent pas indifférent en Algérie, de surcroit quand il parle de l’équipe nationale, et à plus forte raison à partir du poste qui est le sien en ce moment, celui de sélectionneur du Maroc.
Sa dernière déclaration en date à une chaîne de télévision marocaine est largement reprise en Algérie, tant dans les médias que sur les réseaux sociaux. « Nous pouvons battre les grandes équipes africaines comme l’Algérie et le Sénégal ».
Le coach du Maroc qui dit, dans la conjoncture politique que l’on sait, pouvoir battre l’Algérie, cela aurait pu s’apparenter à une petite bravade. Sauf que cela ne pouvait pas venir de coach Vahid qui, lui aussi, retient plus de bonnes que de mauvaises choses de son passage à la barre technique des Verts.
Mis dans leur contexte, ses propos sont au contraire un joli compliment et une reconnaissance du nouveau statut d’équipe à battre qu’a acquis l’Algérie après sa campagne victorieuse à la CAN 2019. C’est comme, sur une autre échelle, se mesurer au Brésil ou à l’Allemagne.
Le Bosnien a quitté l’Algérie il y a six ans, mais les souvenirs qu’il y a laissés sont indélébiles. Lui aussi, visiblement, n’arrive pas à oublier la belle expérience. Après les Verts, il a entraîné un club en Turquie, le FC Nantes en France, la sélection du Japon avant d’atterrir au Maroc. À chaque fois que l’occasion lui est donnée, il met en avant la forte relation qu’il a pu tisser avec le public algérien.
« Il ne se passe pas un jour sans qu’un Algérien me contacte. J’ai une relation forte avec les Algériens, car nous avons vécu des moments exceptionnels et je suis fier de ce que nous avons réalisé ensemble », disait-il en mai 2019.
« Je n’oublierais jamais l’accueil phénoménal quand on est revenu à Alger après la Coupe du Monde », répète-t-il en avril 2018 alors qu’il s’apprêtait à mener le Japon au tournoi mondial en Russie. « Avec l’équipe d’Algérie, on a failli créer une sensation énorme. J’aimerais faire la même chose avec le Japon », disait-il dans la même émission sur TF1. Ce qu’il a fait avec les Verts est donc resté pour lui une référence.
L’épopée inoubliable de 2014
Hélas, il n’ira pas en Coupe du monde avec le Japon après avoir pourtant arraché la qualification sur le terrain. La fédération japonaise a décidé de le limoger à quelques semaines du tournoi pour une raison surréaliste : une défaite et un nul lors des matchs de préparation. Et ce n’est pas la première fois que cela lui arrivait.
En prenant en main l’équipe d’Algérie en juin 2011, Vahid sortait du traumatisme de son limogeage par la Côte d’Ivoire à quelques mois de la Coupe du monde, après avoir réussi les qualifications. Il a été viré suite à l’élimination des Éléphants en quart de finale de la CAN 2010 par l’Algérie de Rabah Saâdane. Un traitement que ne lui a pas réservé l’Algérie, malgré un échec à la CAN 2013. Il est parti de son plein gré, en étant même supplié de rester par les plus hautes autorités de l’État.
Quand la fédération a fait appel au Bosnien, les Verts, eux, sortaient d’un autre cauchemar, celui de leur élimination de la CAN 2012 après une défaite historique face au Maroc (4-0).
En trois ans à la tête de la sélection, il a pu réaliser plein de belles choses. Son plus haut fait d’arme reste la qualification au deuxième tour de la Coupe du monde 2014, réussissant là où tous ses prédécesseurs avaient échoué en trois participations au rendez-vous mondial.
Le match épique face à l’Allemagne en huitième de finale, perdu à l’issue des prolongations (2-1), restera pour beaucoup comme l’un des plus mémorables de l’histoire du football algérien.
Si les Verts avaient trouvé les ressources de tenir encore quelques minutes, ils seraient allés bien loin au vu de ce que montrera l’Allemagne, futur vainqueur du trophée.
Mais le passage de Vahid, ce n’était pas que cet exploit. C’est aussi la stabilisation de l’équipe, la régularité dans les résultats (19 victoires, 5 nuls et 7 défaites) et surtout la découverte d’une génération de joueurs qui font encore le bonheur de l’Algérie. Quand il a convoqué Islam Slimani en 2012, ou encore Ryad Mahrez en 2014, beaucoup avaient fait la moue…