Très populaire en Algérie, le club français de l’Olympique de Marseille, a inauguré en octobre son école de football « OM School Alger », emboîtant ainsi le pas à trois autres Académies implantées auparavant : l’AC Milan (Italie), l’Espagnol de Barcelone et Valladolid (Espagne).
La volonté des clubs européens à s’investir dans la formation en Algérie devient de plus en plus importante, puisque d’autres clubs du Vieux Continent comptent s’y mettre.
Loin d’atteindre la réputation de l’Académie JMG du Paradou AC, devenue en l’espace de quelques années une véritable marque déposée dans son créneau, il n’en demeure pas moins que ces Académies restent un canal intéressant pour les plus jeunes (5-16 ans) pour apprendre l’abécédaire du football, et pourquoi pas poursuivre leur cursus à l’étranger. Toutefois, rien n’est garanti.
Tout est permis pour valoriser et mettre au-devant l’inauguration d’une telle structure en Algérie, une opération marketing, dont l’objectif est d’attirer le maximum d’enfants, comme ce fût le cas avec l’Olympique de Marseille dans son communiqué relatif au lancement de son école.
« OM School Alger symbolise une opportunité pour les jeunes talents algérois et algériens d’avoir accès à une formation de haute qualité sur le plan éducatif et technique. Ce programme se définit par sa méthodologie unique pour former les jeunes de 5 à 16 ans, par son staff technique hautement qualifié, d’entraineurs éducateurs, de préparateurs physiques et mentaux ainsi que de kinésithérapeutes. Le tout sous la surveillance et suivant les méthodes propres du club », affirme le club marseillais.
Jusqu’à présent, le bilan des écoles déjà lancées est plutôt maigre, puisque aucune pépite n’a réussi à sortir du lot et s’affirmer. Du coup, une question pertinente mérite d’être posée : quelle est l’utilité de ces Académies ?
« Ça sera un espace pour les joueurs (5-16 ans) pour pouvoir s’exprimer, d’apprendre le football dans un cadre convivial et respectueux. C’est un nouveau concept en Algérie. L’Olympique de Marseille s’est rapproché de Foot Five que nous représentant pour faire dans la pré-formation en Algérie. Un accord a été trouvé entre les deux parties, que nous avons officialisé mardi dernier », a affirmé à TSA, Imad Boukhof, ambassadeur de l’OM en Algérie.
Appelé à donner plus de détails sur le lancement d’« OM Shcool Alger », Boukhof ajoute : « L’OM n’a versé aucun centime, les charges financières seront assurées par notre société. Nous avons reçu la licence officielle, « OM School Alger » dépend désormais directement du centre de formation de l’OM. Les joueurs seront dirigés par des techniciens algériens formés à l’ISTS, ils seront encadrés prochainement par un entraîneur français de l’OM qui aura la mission de former nos coachs », a-t-il ajouté.
Chaque joueur désireux de faire partie de « OM Shcool Alger » doit payer 12,000 dinars par mois, précise Imad Boukhof : « Les meilleurs éléments intégreront les clubs Algérois pour la formation d’élite, les plus talentueux auront l’opportunité de rejoindre le centre de formation de l’OM. Nous sommes décidés à réussir cette nouvelle aventure, pour peu qu’on nous laisse travailler même si les critiques vont plutôt nous encourager pour aller de l’avant ».
« C’est purement commercial »
Pour analyser ce sujet d’un autre point de vue, nous avons jugé utile de prendre attache avec un technicien de renom, en l’occurrence Noureddine Saâdi, ancien entraîneur-adjoint de l’équipe nationale, passé par plusieurs clubs en Algérie, et connu notamment pour avoir lancé au bain plusieurs jeunes joueurs.
« Pour moi, c’est une opération purement commerciale. Je ne suis pas contre l’idée en elle-même, puisqu’elle permet à l’enfant de pratiquer le football dans un cadre organisé et structuré, mais je ne vois pas l’utilité de créer ces écoles de football du moment que ça reste confus. Si un enfant n’a pas le talent dans son ADN, il ne pourra jamais devenir un bon joueur. Les parents croient avoir pris la bonne décision d’inscrire leurs enfants dans ces écoles, une manière de leur faire plaisir, mais s’ils n’ont pas doués, ils ne peuvent pas aller loin ».
Saâdi ajoute un détail qu’il juge important : « Ces Académies n’ont établi aucun critère dans l’admission des enfants, ce qui me conforte dans ma thèse que seul l’argent est privilégié dans ce genre d’investissement ».
Avant d’enchaîner : « L’Académie du Paradou AC fait exception chez nous. Leur politique est claire : commencer d’abord par prospecter un peu partout avant de dénicher les oiseaux rares et les intégrer dans son Académie. Aujourd’hui, le PAC a réussi à former plusieurs joueurs qui ont pu s’affirmer d’abord sur la scène nationale puis en Europe : je cite les Atal, Bensebaini, ou encore El-Mellali. Je pense que le concept du Paradou est plus intéressant, pour deux raisons : primo : aucun centime à payer, secundo : s’assurer une formation complète ».
Enfin, Noureddine Saâdi réaffirmé que ces Académies inaugurées sous l’égide de clubs européens « n’auront aucune utilité pour le football national, du moment que l’éclosion des futurs talents n’est pas garanti ».