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Footballeurs binationaux : l’équipe de France ne fait plus rêver

Footballeurs binationaux : l’équipe de France ne fait plus rêver

Football Par Vasiliy / Adobe Stock
Football

En France, il est bien loin le temps où les footballeurs binationaux patientaient parfois jusqu’à l’orée de leur carrière pour opter pour la nationalité sportive de leur pays d’origine.

De plus en plus de footballeurs font le choix très tôt et ce n’est pas toujours l’équipe de France qui les séduit. Les Bleus ne font plus rêver comme avant et ce n’est pas sans raison. 

En Algérie, on se souvient du cas de Ali Benarbia qui a rejoint les Verts à 32 ans, en 2000. Pendant toute sa carrière, notamment à Monaco, à Bordeaux et au PSG, il n’avait jamais désespéré d’être appelé chez les Bleus. 

Les choses ont bien changé depuis. Toute une génération de grands joueurs, comme Ryad Mahrez, ont opté pour l’Algérie la vingtaine à peine passée. Et ils sont de plus en plus nombreux à le faire avant l’âge de vingt ans et alors qu’ils ont tout le talent et toutes les chances d’intégrer l’équipe de France. Ismaël Bennacer a opté pour les Verts à 18 ans, en 2015, alors qu’il évoluait dans la réserve d’un grand club d’Europe, Arsenal. 

Il n’y a pas que la France qui ne séduit plus. Tout récemment, l’Algérie a attiré deux talents de 18 ans, Ibrahim Maza, né en Allemagne et Amin Chiakha, né au Danemark. 

Le journal français Le Point constate que la tendance vaut aussi pour les autres sélections africaines et maghrébines. En plus de la pléiade de joueurs binationaux qui lui ont permis d’atteindre la demi-finale du Mondial 2022, le Maroc vient d’attirer un joueur présenté comme « l’un des gros talents du football mondial à suivre au cours des prochaines années ».

Eliesse Ben Seghir, joueur de Monaco, a choisi le Maroc alors qu’on prête à Didier Deschamps l’intention de le convoquer. Il a tout juste 19 ans. Rayan Chekri, un autre gros talent du football français, pourrait lui aussi opter pour son pays d’origine, l’Algérie.

Pourquoi les footballeurs binationaux ne donnent plus la priorité à la France 

Il y a bien des raisons derrière cette facilité avec laquelle les jeunes binationaux répondent désormais aux convocations des sélections de leurs pays d’origine. Il y a évidemment le climat global qui règne en Europe, particulièrement en France, autour de ceux qui sont issus de l’immigration.

Un climat de pression et de stigmatisation qui a fini par atteindre le football. Le Point rappelle l’épisode de l’interdiction de jeûner faite en mars dernier par la fédération française de football (FFF) aux joueurs musulmans des catégories jeunes des Bleus.

Auparavant, la FFF s’était distinguée en Europe en étant l’une des rares à refuser l’interruption des matchs pour permettre aux joueurs de confession musulmane de rompre le jeûne pendant le Ramadan. 

En 2011, la France avait été ébranlée par l’affaire dite des « quotas ». La fédération française voulait imposer un quota de « vrais français » dans les centres de formation. 

Ajouter à cela la cherté des places en équipe de France où il est très difficile d’être appelé et encore plus ardu de s’y maintenir. L’Algérien Houssem Anouar l’a appris à ses dépens. Appelé une seule fois par Didier Deschamps en 2020, il a fini par opter pour les Verts en 2023. 

Il faut dire aussi que beaucoup de choses ont changé du côté des pays d’origine de ces joueurs, qui se dotent d’infrastructures modernes et d’une gestion plus professionnelle. Beaucoup de pays d’Afrique, dont ceux du Maghreb, Algérie, Maroc et Tunisie, ont mis en place des stratégies pour attirer les talents binationaux. 

« Les joueurs ont conscience que, chez nous, ils peuvent bénéficier de partenariats commerciaux car ils deviennent des têtes de gondole… Ils seront peut-être moins visibles individuellement en choisissant une sélection comme la France, où il y a profusion de talents », explique à France Football Slim Ben Othman, directeur sportif de la Tunisie. 

La perte de talents pour la France va au-delà du football. En 2023, la gymnaste Kaylia Nemour a décidé de changer de nationalité sportive au profit de l’Algérie, le pays d’origine de son père.

Elle avait agi ainsi pour sauver sa carrière après un bras de fer avec la fédération Française qui lui avait interdit de reprendre la compétition suite à une opération aux genoux.

Le 4 août 2024, la jeune athlète de 17 ans a offert à l’Algérie une médaille d’or olympique à Paris alors que la France était sortie bredouille des compétitions de gymnastique. 

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