Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi en France contre la politique du président Emmanuel Macron, notamment sur le front social, sans parvenir à faire descendre dans la rue la “marée populaire” voulue par les organisateurs, plus de soixante partis de gauche, associations et syndicats.
A Paris, selon le cabinet Occurrence travaillant pour un collectif de médias dont l’AFP, il y a eu 31.700 participants, le syndicat CGT en ayant pour sa part dénombré 80.000 et la préfecture de police 21.000.
Dans l’ensemble du pays, les manifestations ont rassemblé samedi 250.000 personnes, d’après la CGT.
Le 22 mars dernier 323.000 personnes avaient défilé, selon le ministère de l’Intérieur, 500.000 selon la CGT, pour défendre le service public, le statut des fonctionnaires et des cheminots.
“Il y a peut-être un effet d’usure” face aux manifestations de masse, a commenté le politologue Olivier Rouquan interrogé sur la chaîne de télévision BFMTV.
A Paris, une quarantaine de personnes ont été interpellées samedi en marge de la manifestation, émaillée de brefs incidents. Des personnes encagoulées ont jeté des projectiles sur les forces de l’ordre, qui ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène, ont constaté des journalistes de l’AFP. Un policier a été blessé par un tir de mortier d’artifice, selon les autorités.
Quelque 1.400 policiers avaient été mobilisés pour l’occasion, procédant en amont du défilé à des contrôles, pour éviter tout débordement. Et “pour finalement une mobilisation assez mince”, a souligné le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb sur la chaîne de télévision BFMTV.
A Paris comme dans les principales autres villes de France, les manifestants étaient présents afin de dénoncer ce qu’ils considèrent comme une politique pour “les riches” suivie par le président Emmanuel Macron, d’exprimer leur attachement aux services publics et parfois de regretter la “résignation” de leurs concitoyens.
Les protestataires reprochent au chef de l’État, qui a entamé son mandat il y a un an et en baisse dans les sondages, de réformer au pas de charge, tous azimuts, avec des reculs sociaux à la clef.
– “Voir la vraie vie” –
Le gouvernement français fait face à une montée de la grogne sur tous les fronts ces derniers mois : fonctionnaires, retraités, professionnels de l’aide aux personnes âgées, étudiants, etc. Et depuis début avril, ce sont les cheminots qui font une grève marathon contre une réforme du rail.
Pour autant, l’exécutif continue d’afficher sa détermination à porter la volonté du président Macron de “transformer le pays”. Et le chef de l’État a lui-même prévenu vendredi, de Saint-Pétersbourg, que les manifestations “ne l’arrêtera(ient) pas”. “J’assume de ne pas présider à la lumière des sondages ou des manifestations parce qu’on l’a trop fait”, a-t-il dit.
“Il faut que la tête dure de Monsieur Emmanuel Macron entende ce message du peuple populaire, comme on dit”, a lancé samedi le député et chef de file de la La France Insoumise (LFI, gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon.
Face au gouvernement, “formez ce front populaire dont le peuple a besoin”, a-t-il exhorté à Marseille (sud-est), avant de défiler. “Ne comptez que sur vous, il n’y aura pas de sauveur suprême”, a-t-il encore dit, juché sur une caisse en bois.
Dans cette ville où les écarts dans les évaluations sont toujours grands, la police faisait état de 4.200 manifestants, la CGT évoquait une mobilisation en hausse avec 65.000 manifestants, contre 58.000 le 14 avril et 45.000 le 22 mai.
“Ce n’est pas la première fois que le président de la République a ce genre de remarque, il a du mal à entendre le mécontentement social qui existe dans ce pays”, a de son côté réagi le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.
“Il faudrait que de temps en temps, il regarde par la fenêtre de son palais pour voir la vraie vie !”, a-t-il ajouté.
A l’inverse de la CGT, les deux autres grands syndicats nationaux, la CFDT et FO, n’avaient pas appelé à défiler, refusant de sortir du champ syndical pour participer à un mouvement à coloration politique.
Pour des raisons similaires, le Parti socialiste n’était pas dans les cortèges. Au contraire notamment de LFI, du Parti communiste, des écologistes ou encore de Génération.s, le mouvement de l’ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon.