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France – Afrique : le Niger revisite son hymne national

Les relations de la France avec les pays africains ne sont plus ce qu’elles étaient, c’est le moins que l’on puisse dire. Le recul de l’influence française dans ces pays qui étaient considérés comme son “pré carré”, s’exprime aussi par des gestes symboliques, mais très lourds de sens.

Ces dernières semaines, une polémique a éclaté après la décision de l’Algérie d’étendre le champ d’exécution de la version intégrale de son hymne national Kassaman.

Kassaman a été composé pendant la guerre de Libération nationale par le poète et militant nationaliste Moufdi Zakaria. Il est composé de cinq couplets dont un, le troisième, cite nommément la France.

La partition intégrale de l’hymne, qui contient donc le couplet en question, était exécutée uniquement lors des congrès de l’ex-parti unique et les cérémonies d’investiture du président de la République.

Un décret promulgué en mai dernier stipule que la partition intégrale doit désormais être exécutée, avec chant et musique, lors des célébrations officielles en présence du président de la République, en précisant que les cinq couplets doivent être joués.

La décision a été mal accueillie en France où elle a été commentée même par la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, qui a estimé qu’elle (la décision) est “à contre temps”. L’Algérie a exprimé son étonnement par la voix de son chef de la diplomatie Ahmed Attaf.

Le Niger change son hymne “reconnaissant” envers la France

Beaucoup ont lié, à tort ou à raison, la décision d’Alger avec l’agenda des relations entre les deux pays, le décret en question étant promulgué simultanément avec le report de la visite en France du président algérien Abdelmadjid Tebboune.

La polémique ne s’est pas estompée qu’un autre pays africain a entrepris de revisiter son hymne national, en changeant un passage jugé favorable pour l’ancienne puissance colonisatrice, la France.

Le Niger a obtenu son indépendance en 1969. Son hymne national, intitulé simplement “La Nigérienne”, a été composé en 1961 par le compositeur français Maurice Albert Thriet.

“– Auprès du grand Niger puissant 

– Qui rend la nature plus belle

– Soyons fiers et reconnaissants

– De notre liberté nouvelle ! Évitons les vaines querelles”.

L’entame de l’hymne invite presque directement à être reconnaissant envers le colonialisme français, du moins c’est l’interprétation qui pouvait en être faite. Des appels à supprimer cette entame se sont multipliés ces dernières décennies, en vain.

Soixante ans après, les Nigériens ont décidé de se débarrasser de ce passage, précisément au moment où beaucoup de choses sont dites à propos de la place de la France dans ses anciennes colonies africaines.

Le gouvernement de Niamey a adopté une nouvelle entame, appelant à la fierté et l’Union de tous les Nigériens.

Cette décision du Niger donnera-t-elle lieu à une polémique avec la France ? Pour le moment, ce changement est complètement passé sous silence du côté de Paris.

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