Société

France – Algérie : un député prévoit une réduction du nombre de visas

La France va-t-elle réduire encore le quota de visas délivrés aux Algériens, déjà en forte baisse depuis quelques années ?

La question a été posée au député de l’émigration Abdelouahab Yagoubi au lendemain de la nomination en France d’un Premier ministre de droite et surtout de Bruno Retailleau comme ministre de l’Intérieur qui est adepte d’une politique dure vis-à-vis de l’immigration. 

Dans un entretien diffusé dans l’édition de ce mardi 25 septembre du quotidien El Khabar, Yagoubi a estimé que la composante du nouveau gouvernement français dirigé par Michel Barnier ne sera pas sans conséquences sur la relation avec l’Algérie dans tous ses aspects, la mémoire, le séjour des Algériens, les reconduites aux frontières et la délivrance des visas.  

” Plus de pressions sur les États “ 

Le parlementaire s’attarde notamment sur le profil du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, issu de “la droite conservatrice” et qui a toujours plaidé pour une “politique ferme” vis-à-vis de l’immigration et pour plus de “pression sur les États qui ne coopèrent pas pour reprendre leurs ressortissants (en situation irrégulière), comme l’Algérie”. 

Bruno Retailleau étant de ceux qui considèrent que l’Algérie ne coopère pas assez sur cette question, il pourrait utiliser les visas comme levier de pression.

Pour Abdelouahab Yagoubi, la France pourrait donc “réduire le nombre de visas (accordés aux Algériens), y compris les visas diplomatiques, comme l’a indiqué dans des sorties médiatiques l’ancien ambassadeur en Algérie, Xavier Driencourt”. 

Relation Algérie – France : moins de visas et plus de tensions ?

Le nombre de visas accordés aux Algériens a été drastiquement réduit ces dernières années. De 400.000 en 2017, il est passé à 340.000 en 2018 puis à 272 000 en 2019. En 2023, le nombre de visas délivrés aux demandeurs algériens par les trois consulats de France en Algérie s’est élevé à 274.000.

En septembre 2021, le président Emmanuel Macron a ordonné une réduction de 50% du nombre de visas accordés aux ressortissants des pays du Maghreb dont l’Algérie, en raison, selon Paris, de leur refus de rapatrier les migrants qui font l’objet d’une décision d’expulsion en France. Cette restriction a été ensuite officiellement levée.

M. Yagoubi dit s’attendre à d’autres “mesures plus fermes” du gouvernement français dans le cadre de ses « pressions » sur l’Algérie concernant les laissez-passer consulaires nécessaires à l’exécution des OQTF (obligation de quitter le territoire français). 

Bruno Retailleau est aussi connu comme un pourfendeur de l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration. C’est lui qui a déposé une proposition au Sénat pour révoquer l’accord en 2023.

Le député Yagoubi n’exclut pas que le ministre de l’Intérieur utilise sa nouvelle position pour revenir à la charge concernant cet accord qu’il a dans le viseur. 

Avenir incertain pour l’accord de 1968

Le dossier de la mémoire pourrait aussi pâtir de la couleur politique et de l’orientation des ténors du nouveau gouvernement Michel Barnier, dont Bruno Retailleau qui, comme nombre de ses collègues, est opposé au projet du président Emmanuel Macron de “réconciliation des mémoires”, avance Abdelouahab Yagoubi.

Selon lui, toutes ces pressions rendraient encore plus tendues les relations entre les deux pays. 

“Il est nécessaire de renforcer le dialogue entre les deux parties afin d’éviter une escalade qui serait préjudiciable à cette catégorie d’immigrés et attiserait les tensions entre les sociétés française et algérienne”, suggère le parlementaire algérien.

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