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France : ce que révèle la nouvelle polémique sur le voile

France : ce que révèle la nouvelle polémique sur le voile

De nouveau, la France se déchire pour le voile islamique. Responsables politiques, élus, intellectuels ou simples citoyens, la tête voilée de Maryam Pougetoux ne laisse personne indifférent.

La jeune femme de 19 ans est une française de souche et porte-parole d’une organisation estudiantine. Suffisant pour faire réagir des ministres et tous les habitués de débats houleux à chaque fois qu’une question en rapport avec l’islam se retrouve sur la place publique.

Maryam est soupçonnée par le ministre de l’Intérieur, Gerard Collomb, de faire du prosélytisme et la promotion d’un Islam politique. Elle est aussi accusée d’afficher sa différence avec la société française. En un mot, elle a choqué.

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Pourtant, dans le passage de la jeune étudiante sur la chaîne de télé M6, il n’était pas question de religion, ni de voile. Elle s’exprimait en tant que syndicaliste sur les insuffisances du système d’affectation des nouveaux bacheliers, mais son visage était encadré par un hidjab, le voile islamique.

Dans la France d’aujourd’hui, c’est le genre de détail qui relègue tout au second plan. Un détail qui choque, qui fait réagir et qui enclenche des polémiques interminables, impliquant hautes autorités de l’État, élus, hommes de lettres et d’art, journalistes, sportifs…

Aux accusations de prosélytisme portées par un membre du gouvernement, Maryam Pougetoux a répondu. « C’est assez pathétique de la part d’un ministre de l’Intérieur d’avoir de tels propos, aussi violents. Sachant que mon voile n’a aucune fonction politique. C’est ma foi. Après, oui, c’est visible, mais ce n’est pas pour autant du prosélytisme. Je dois presque me justifier de mon choix alors que je ne devrais pas. »

Mais la polémique ne s’est pas estompée pour autant. Le débat a vite débordé, comme à chaque fois qu’il s’agit d’islam, sur le terrain des valeurs. Celles du syndicalisme et du féminisme sont-elle compatibles avec le port du voile, avec l’islam ?

Un responsable d’une organisation publique peut-il exhiber des signes religieux ostentatoires ? Et, comme si le port du hidjab ne peut en aucun cas être un choix délibéré et un acte de foi, on se demande si une femme elle-même soumise peut défendre la cause des autres.

On oppose les valeurs de la République à une étudiante qui n’a rien demandé, qui n’a pas réclamé de porter son voile dans des endroits où la loi ne le permet pas.

Une posture légaliste, à l’image de la communauté musulmane de France dans sa globalité, pourtant forte de quelque 5 millions de membres, mais qui opte depuis quelques années pour un profil bas à chaque fois qu’elle a eu à faire face à ce genre de campagne.

Comme lorsque, en 2014, une femme a perdu son travail dans une crèche à cause de son hidjab, lors des débats sur les repas halal dans les cantines scolaires, la prière sur la voie publique…

Même lorsque des personnalités politiques et intellectuelles, signataires du manifeste contre le nouvel antisémitisme en avril dernier, appelaient à expurger le Coran de certains versets, les musulmans de France n’avaient que timidement protesté.

Pas plus qu’ils réagissent aux sorties récurrentes du journal satirique Charlie Hebdo qui vient justement de consacrer sa Une à l’affaire Maryam, au nom de la liberté d’expression et du droit de rire des religions.

C’est à se demander si l’extrémisme dans ce pays n’est pas en train de changer de camp. Les proportions prises par l’affaire Maryam Pougeroux démontrent bien que la France assiste à la naissance d’un fondamentalisme laïc pas moins dangereux que le fanatisme religieux. Refuser à une femme le droit de porter le voile ou, au contraire, le lui imposer contre son gré, constituent le même acte d’intolérance et de fanatisme.

En France, où la laïcité est presque une religion d’État, l’existence d’un fondamentalisme laïc est bien sûr niée. Mais le concept est dénoncé par de nombreux penseurs étrangers, comme l’écrivain turc Mustafa Akyol : « La « république laïque » équivaut à la « république des laïcs », pas à la république de tous les citoyens. Ainsi, dans l’esprit des fondamentalistes laïcs, le rôle de l’État laïc est de supprimer les communautés religieuses, de limiter l’éducation religieuse et d’interdire les signes visibles d’observance religieuse, comme le port du foulard. »

Certains se demandent même si les lois hyper-laïques de la France ne risquent pas de produire l’effet contraire sur la société, en contribuant par exemple à la ghettoïsation, donc à la radicalisation des jeunes issus de l’immigration. Le bon dosage de la laïcité suppose une neutralité de l’État, pas de la société qui, elle, doit être libre de croire ou pas. Et surtout de le montrer…

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