Il est gay et de parents marocains qui lui ont donné le prénom, peu ambigu sur ses origines, de Bilal. Le chanteur de 19 ans, qui va porter les couleurs de la France au concours de l’Eurovision avec sa chanson « Roi » est, depuis sa victoire, la cible d’une campagne de haine, d’un déluge d’insultes, qui l’ont conduit à se tourner vers la justice pour se défendre.
Le youtubeur queer, féru de perruques et de maquillages, a déposé plainte contre X pour « injures, provocation à la haine et à la violence et menaces homophobes ». Il est soutenu par les associations de défense des homosexuels. Exemple de propos tenus à son encontre sur les réseaux sociaux (sic) : « On dois tué tous les pd du monde fdp et toi le premier », « Les pd et les transexuel on les tue en islam honte à toi d’avoir bilal comme prenom », » Bilal Hassani nous fait honte en nous représentant ce pd, il mérite de mourir, on va le retrouver cette tafiole » (sic).
Des propos « inadmissibles », pour lesquels leurs auteurs « encourent jusqu’à 6 ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende », rappelle son avocat Etienne Deshoulières.
Une maman solidaire
Dans ce climat, le chanteur peut compter sur la solidarité sans faille de sa maman, Amina qui lui dit tous les jours qu’elle l’aime tel qu’il est. Elle conseille d’ailleurs à toutes les mères d’exprimer quotidiennement leur amour pour leurs enfants et de les aider à s’accepter tels qu’ils sont.
La plainte du chanteur s’inscrit dans un sursaut initié depuis plusieurs mois par la communauté LGBT contre les agressions et les menaces dont elle est victime. Mi-janvier, 213 plaintes ont été déposées dans douze tribunaux pour des messages à caractère homophobe recensés principalement sur Twitter.
« Comme pour ces 200 plaintes, l’objectif de celle de Bilal Hassani, c’est de dire qu’on ne peut plus insulter, menacer, appeler au meurtre sur Internet sans que les associations de lutte contre l’homophobie réagissent », a détaillé son avocat. « Il faut que les personnes qui se croient protégés par l’anonymat derrière leur ordinateur soient inquiétées ».
Malgré ces menaces, le jeune homme « reste fort », a assuré Me Deshoulières. « Il est tellement heureux d’être à l’Eurovision qu’il ne se laisse pas démonter par des propos haineux sur Internet ».
Un site de l’extrême droite a voulu par ailleurs déformer ses propos où il parlait de ses origines pour répondre à une lancinante question de ses admirateurs. Ceux-ci souhaitaient savoir de quel pays du Maghreb il venait. « Je suis né en France, je suis Français, mais je suis d’origine marocaine de père et de mère. J’adore le Maroc, c’est un très beau pays mais j’adore tout le Maghreb », a-t-il répondu. Le site en question lui a fait dire : « Je suis Marocain », pour susciter de la haine raciale à son encontre.
L’éditorialiste du Républicain Lorrain, Bernard Maillard s’exaspère : « Les messagers de la honte qui se défoulent sur Twitter ne s’encombrent pas d’arguments pour délivrer insultes et menaces. Homophobie et racisme, telle devient la devise de la République Internet. Les réseaux dits sociaux – quelle ironie ! – sont saturés par la bêtise, l’intolérance, la brutalité, la plupart du temps anonymes », écrit-il en concédant toutefois que « Bilal Hassani peut être critiqué pour la très relative qualité artistique de ses prestations youtubées, idéalement formatées ».