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France : des imams s’insurgent contre l’appel à modifier le Coran

Trente imams de France ont rejeté mardi la thèse “funeste” selon laquelle le Coran appellerait au meurtre, évoquée dans un récent manifeste contre l’antisémitisme, tout en s’engageant à combattre la radicalisation d’une jeunesse tentée de commettre des crimes “au nom de l’islam”.

“Nous appelons (…) le reste de nos concitoyens, notamment les intellectuels et les politiques, à faire preuve de plus de discernement”, écrit le collectif d’imams dans une tribune publiée dans le journal Le Monde.

L’idée que le Coran lui-même appelle au meurtre est “d’une violence inouïe”, écrivent les imams. “Elle laisserait entendre que le musulman ne peut être pacifique que s’il s’éloigne de sa religion”, ajoutent les signataires, dénonçant une “ignorance néfaste” et contre-productive.

Leur texte répond à un manifeste “contre le nouvel antisémitisme” publié dimanche dans un autre quotidien, Le Parisien, qui invitait les autorités religieuses musulmanes à expurger le Coran de versets qui appelleraient au meurtre des non-musulmans.

Signé par 300 personnalités, dont l’ex-président Nicolas Sarkozy et le chanteur Charles Aznavour, le manifeste pointait du doigt la “radicalisation islamiste” et dénonçait une “épuration ethnique à bas bruit” dont serait victime la communauté juive en région parisienne.

Ce texte avait été publié alors que le meurtre en mars d’une octogénaire juive, Mireille Knoll, dans son appartement à Paris a soulevé un vif émoi dans la communauté juive, qui représente environ 0,7% de la population française.

Dans leur tribune mardi, le collectif d’imams s’engage par ailleurs à combattre la radicalisation d’une jeunesse “ignorante, perturbée et désœuvrée”.

“Indignés, nous le sommes en tant que Français touchés par ce terrorisme ignoble qui nous menace tous”, écrivent-ils, alors que la France a été touchée par une vague d’attentats depuis 2015.

“Nous le sommes aussi en tant que musulmans, comme le reste de nos coreligionnaires, musulmans paisibles, qui souffrent de la confiscation de leur religion par des criminels”, écrivent ces responsables religieux, craignant que la France ne soit “pas à l’abri d’autres crimes au nom de l’islam”.

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