Des propos tenus à huis clos, la semaine dernière, par Laurent Wauquiez, le président du parti Les Républicains (LR), devant des étudiants d’une école de commerce de Lyon, ont été diffusés par l’émission Quotidien sur TMC.
Dans ces enregistrements à son insu diffusés par l’émission d’infotainment en deux fois, vendredi 16 février puis lundi 19 février, on peut entendre Laurent Wauquiez -fraîchement élu patron des Républicains- tenir des propos décapants sur un certain nombre de personnalités politiques.
Sarkozy « contrôlait les téléphones portables », Macron « fait comme moi »
« Le président de la République actuel, Macron, lui pour faire cool, il fait comme moi. Il se met en chemise, bras de chemise. Jamais un président ne s’était mis en bras de chemise. », lâche Laurent Wauquiez.
Il raconte ensuite que Nicolas Sarkozy était totalement paranoïaque quand il était président. « Nicolas Sarkozy en était arrivé au point où il contrôlait les téléphones portables de ceux qui rentraient en Conseil des ministres. Il les mettait sur écoute pour pomper tous les mails, tous les textos et vérifiait ce que chacun de ses ministres disait au moment où on entrait en Conseil des ministres ».
Quant à l’affaire Fillon, Laurent Wauquiez semble accuser Emmanuel Macron d’avoir contribué à la chute prématurée du candidat de la droite et du centre.
« Objectivement, il [Macron] a quand même eu un alignement de planètes assez inespéré. Que Fillon gagne la primaire et que derrière, il le démolisse, ça, je suis sûr et certain qu’il l’a organisé. Je pense qu’ils ont largement contribué à mettre en place la cellule de démolition, oui bien sûr. Je n’ai aucun doute que le machin a été totalement téléguidé ».
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On entend ensuite l’homme politique français parler d’Angela Merkel, la chancelière allemande. « Par exemple, est-ce que vous considérez qu’Angela Merkel incarne le pouvoir ? Un peu moins ces temps-ci, mais oui. Vous avez déjà regardé son compte Instagram ? Croyez-moi, pour y trouver du charisme, il faut vraiment se lever de bonne heure ! »
« La seule chose qu’ils veulent, c’est encaisser l’argent »
Deuxième salve lundi soir. L’émission Quotidien diffuse de nouveaux extraits. Cette fois-ci, le patron des Républicains dézingue le Medef et la CGPME, les deux organisations patronales françaises. « Eux, c’est pire que tout. C’est-à-dire, eux, ils n’en ont rien à foutre de savoir si on augmente les cotisations sur les entreprises, si on augmente le truc. La seule chose qu’ils veulent, c’est encaisser l’argent ».
Puis il se lâche sur Alain Juppé, ex-Premier ministre de Jacques Chirac, candidat malheureux à la primaire de droite et du centre en 2016, et actuel maire de Bordeaux : « Alain Juppé, qui est une personnalité éminemment respectable, il a totalement cramé la caisse. À Bordeaux, il a fait des miracles. Bordeaux est géniale, c’est très bien gérée, mais il a fait exploser les impôts et il a fait exploser la dépense publique et il a fait exploser l’endettement. »
Après la première salve d’enregistrements, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux réagit dès vendredi soir sur son compte Twitter : « Diffamations, injures, vulgarité… Une conception particulière de l’enseignement… Les étudiants de l’EM Lyon méritent mieux ! ».
De son côté, Christophe Castaner secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement, écrit : « La vraie nature de #wauquiez : mépriser les journalistes, Nicolas Sarkozy ou Angela Merkel et même se convaincre qu’Emmanuel Macron le copie ! C’est Surprise Surprise ? Non ? »
Mardi matin, après la diffusion de nouveaux extraits dans l’émission de lundi soir, c’est Nicolas Florian, adjoint aux finances à la mairie de Bordeaux qui prend la parole.
« Cramer les caisses de la ville ? C’est quoi cette terminologie ? On ne brûle pas les billets à Bordeaux. On investit. Je dois dire que je suis un peu meurtri par cette déclaration à l’emporte-pièce », a-t-il dit, selon des propos rapportés par France Bleu Gironde.
De son côté, Emmanuel Macron préfère ne pas commenter. Ce mardi matin, à la question de savoir ce que lui inspiraient les propos du président du parti Les Républicains (LR), le chef de l’État se contente de répondre : « Rien, parce qu’il n’est pas inspirant ».
Le président de la CPME (ex-CGPME) François Asselin a quant à lui adressé une missive à Laurent Wauquiez pour lui faire part de sa « déception » après ces propos « maladroits et blessants » qui « alimentent le sentiment de tous « pourris » ».
Des propos sortis de leur contexte, selon les étudiants de l’EM Lyon
Si les soutiens politiques de Laurent Wauquiez ont dénoncé un « montage vicié » qui ne respecte pas la « déontologie journalistique » et dont l’objectif se résume à faire le « buzz », les étudiants de l’EM Lyon Business school ont également fait part de leur déception.
Ceux qui ont assisté au cours donné par Laurent Wauquiez « se disent déçus, trahis par la diffusion des extraits et la façon dont ils ont été accolés bout à bout et sans contexte », rapporte le journal régional Ouest France.
Ce cours dispensé par Laurent Wauquiez les 15 et 16 février visait à évoquer les « enjeux contemporains auxquels le pays est confronté », détaille une tribune anonyme diffusée par les étudiants de l’École de commerce sur les réseaux sociaux.
En outre, ils expliquent que les extraits diffusés ont été sortis de leur contexte. « La phrase sur Angela Merkel qui n’a « aucun charisme » ? « C’était sur l’incarnation du pouvoir. On a commencé par Louis XIV et son portrait jusqu’à Obama et sa photo officielle. On a fait un détour par Angela Merkel et Laurent Wauquiez a voulu nous expliquer qu’Angela Merkel représente le pouvoir sans avoir le besoin de paraître sympa », raconte Jean, un étudiant, au journal Ouest France.
Puis le jeune homme poursuit : « Lorsque Laurent Wauquiez sort cette phrase sur Macron en bras de chemise qui le copie, on ne s’en rend pas du tout compte dans l’enregistrement mais c’est clairement dit sur le ton de la plaisanterie car il est lui-même en bras de chemise à ce moment-là. […] Il nous l’a dit et tout le monde le sait : quand Emmanuel Macron se met en bras de chemise, il imite Barack Obama ».
Le président du parti Les Républicains a réagi mardi soir, et annoncé sur BFM TV, son intention de porter plainte et de saisir le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Tout en assumant ses propos, il présente ses excuses à Nicolas Sarkozy.
Cette polémique vient compliquer la tâche d’un parti politique déjà fragilisé.
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