Youcef Atal, l’international algérien de l’OGC Nice, est dans la tourmente depuis qu’il a partagé une vidéo d’un prédicateur palestinien qui évoquait la guerre que mène Israël depuis plus d’une semaine contre Gaza.
Malgré les excuses formelles qu’il a présentées, le joueur algérien fait l’objet d’un acharnement médiatique et sur les réseaux sociaux. Le journal français Le Parisien vient de lui consacrer un article à la teneur tout simplement exécrable.
À partir des Émirats arabes unis où il devrait disputer ce lundi avec l’équipe nationale d’Algérie un match amical face à l’Égypte, Youcef Atal, 27 ans, a partagé, en signe de soutien avec la population de Gaza, une vidéo dans laquelle le prédicateur palestinien Mahmoud Al Hasnat implore Dieu d’ « envoyer un jour noir sur les juifs ».
Ce qui a créé un tollé à Nice et à travers toute la France. Le maire de Nice, Christian Estrosi, l’a même sommé de s’excuser sous peine de ne plus avoir sa place dans le club.
Ce que le joueur n’a pas tardé à faire publiquement. « J’ai conscience que ma publication a choqué plusieurs personnes, ce qui n’était pas mon intention, et je m’en excuse », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux, ajoutant qu’il condamnait « fermement toute forme de violence » et que jamais il ne soutiendrait « un message de haine ».
Si l’incident semble clos, le joueur algérien continue à être lynché sur les réseaux sociaux français qui l’accusent d’antisémitisme et même par certains Algériens qui ne semblent pas apprécier, derrière le confort de leurs claviers, sa « volte-face ».
Cela dit, le joueur est massivement soutenu en Algérie et à travers le monde comme le montre le hashtag « nous sommes tous Youcef Attal » qui a envahi la plateforme X ces dernières 24 heures.
Mais le plus inacceptable dans tout ça c’est lorsque des journaux professionnels versent dans le racisme primaire pour s’en prendre au joueur. C’est le cas de cet article du Parisien au titre qui semble inoffensif (Attal, un dérapage anti-israélien puis des excuses), mais à la teneur qui donne la nausée.
Youcef Attal, ce « gamin pauvre » qui « courait derrière les chèvres »
Comme pour enfoncer le joueur, l’auteur rappelle une étrange coïncidence : quelques heures avant de passer à l’acte, l’auteur d’un attentat terroriste en 2020, à Nice justement, avait lui aussi partagé une vidéo de Mahmoud Al Hasnat.
L’auteur de l’article a fait parler des gens qui, soi-disant, connaissent Youcef Atal et tout de sa vie en Algérie et ses débuts en France. Tout au long de l’article, des insultes insupportables sont distillées subtilement à l’adresse du défenseur des Verts, sa famille et son pays.
On apprend d’abord que si Attal a eu un tel comportement ce n’est pas parce qu’il est « prosélyte » ou « salafiste », mais parce qu’il est issu d’une génération qui est « fondamentalement antisémite par éducation ». L’explication est d’un ancien dirigeant de Nice, qui enfonce le clou : « Et en plus c’est justement quelqu’un qui n’a pas reçu une grande éducation ».
La transition faite, on s’attaque à l’enfance du joueur, sa famille, sa région et son pays. On apprend ainsi que Youcef Atal a été élevé dans une famille « pauvre », dans « les montagnes de Kabylie et les quartiers de Tizi-Ouzou ».
Sa force physique qui constitue l’un de ses atouts sur le terrain, il l’a développée « en courant derrière les chèvres ». Il a quitté l’USM Alger faute de pouvoir « payer son loyer », puis la JS Kabylie à cause de ses retards aux entraînements, « faute de pouvoir s’acheter une voiture ».
Et ce n’est pas tout. Youcef Atal est décrit comme quelqu’un qui n’a découvert la civilisation et la « vie moderne » qu’en arrivant en Europe, précisément en Belgique où il a signé à Courtrai à 20 ans.
En essayant de « retirer tout son salaire d’un coup », le joueur algérien se faisait avaler systématiquement sa carte bancaire par les distributeurs. « Il ne savait pas se servir de sa carte bancaire car il n’en avait jamais possédé », raconte le journaliste du Parisien sans prendre la peine de préciser de qui il tient cette anecdote.
Si Youcef Atal s’est excusé pour la vidéo qu’il a partagée, il est en droit d’exiger à son tour des excuses et plus du journal français pour ces attaques inouïes envers sa personne, et qui touchent aussi sa famille et son pays.