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France : la bombe Benalla

Emmanuel Macron n’est pas promis à passer une fin d’année tranquille. L’escapade tchadienne de son ancien conseiller Alexandre Benalla, muni apparemment d’un passeport diplomatique, n’est rien d’autre qu’une “affaire d’État” qui risque d’aggraver une situation déjà bien délicate.

La défiance de l’ex gros bras de l’Élysée à l’égard de son ancien employeur semble contenir un message subliminal qui va tenir la France en haleine. Quel secret compromettant détient-il pour qu’il agite la carte de menaces contre la présidence de la République ?

“Que Benalla menace de parler interroge sur ce qu’il croit avoir comme moyen de pression”, observe dans un tweet le député centriste Jean-Christophe Lagarde. “Ce que je trouve gênant dans cette affaire c’est la réaction de M. Benalla. Il menace l’Élysée et le président de la République comme s’il avait quelque chose à révéler et ça c’est malsain”, renchérit le député sur la chaîne LCI. Ses interrogations font écho à celles de nombreux internautes. “Cette escapade sent le souffre”, note par exemple M. Gyez sur twitter.

Dans la presse, l’éditorialiste du quotidien régional Sud-Ouest, Bruno Dive, ne dit pas autre chose. “Chacun peut du coup comprendre que Macron et son entourage ont des choses à cacher et que Benalla, jusque-là bien aimable, pourrait se montrer moins compréhensif envers son ancien patron si l’on venait -le chercher-“, écrit-il.

Dans la Voix du Nord, Jean-Michel Bretonnier s’étonne du “traitement indulgent” accordé à Benalla par son ancien patron comparé par exemple aux massives interpellations préventives des “Gilets jaunes”. Ce qui selon lui, “renforce ce sentiment de deux poids, deux mesures entre les puissants et les misérables”.

Et si les violences contre des manifestants en mai n’étaient pas la seule sortie de route du jeune homme avant son éviction ? C’est ce que redoute l’Élysée. Il se demande si l’ancien protégé du chef de l’État n’avait pas profité de sa position pour faire des affaires, muni de sa précieuse carte de visite.

Hier, Benalla a été sommé de s’expliquer sur d’éventuelles “missions personnelles et privées” en France et à l’étranger alors qu’il était un proche du chef de l’État.

Avant le voyage au Tchad, il s’était rendu à Londres où il a rencontré Alexandre Djouhri, réclamé par la justice française dans le cadre du financement libyen de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007.

Enfant de la banlieue de Paris et d’origine algérienne, Ahmed Djouhri, 59 ans, présente un incroyable profil. Issu du grand banditisme, ce voyou à l’insoupçonnable entregent, a réussi à s’introduire dans la jet-set parisienne, en fréquentant les milieux de la nuit. Il a ensuite réussi à tisser des liens avec les plus hauts dirigeants politiques et les plus grands hommes d’affaires en France et à l’étranger. Il est notamment l’ami de Nicolas Sarkozy et de Dominique de Villepin. Son nom est associé à divers marchés où il a servi d’intermédiaire, surtout dans l’armement. Avec lui, Benalla semble vouloir partager autre chose que le prénom français d’adoption.

Autre question concernant Benalla et potentiellement explosive. La détention d’un passeport diplomatique après son éviction de l’Élysée. La surprise est résumée par un internaute: nous nous trouvons dans un monde globalisé avec tous nos faits et gestes contrôlés et un passeport diplomatique, biométrique et à puce ne pourrait être désactivé dans la minute, s’étonne-t-il sur sa page Facebook.

 

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