Diaspora

France : la galère d’un doctorant sans titre de séjour depuis 6 ans

Recevoir une OQTF est le début du cauchemar pour de nombreux étrangers établis en France. Beaucoup d’entre eux ne baissent cependant pas les bras et continuent à poursuivre leurs projets dans l’Hexagone.

Nader est l’un de ces nombreux étrangers infortunés qui vivent en France avec une épée de Damoclès suspendue en permanence au-dessus de leurs têtes. Doctorant à l’université de Paris 8 et réalisateur de cinéma, ce jeune Tunisien n’a pas de titre de séjour. Il est même sous OQTF depuis 2018.

Son film est sélectionné au César, mais sa demande de titre de séjour a été refusée par la préfecture

Dans un reportage réalisé par le média Streetpress, Nader se confie sur ses difficultés quotidiennes et ses craintes causées par la décision de sa préfecture portant sur le refus de sa demande de titre de séjour et sur son obligation de quitter le territoire français.

 « Si je me fais arrêter, je me ferai embarquer et probablement expulser… quand j’entend une sirène passer, je me dit qu’ils viennent me chercher ». Mais malgré ses angoisses, Nader continue de se rendre à son université pour aller au bout de son doctorat.

« C’est ma dernière année en doctorat », fait savoir Nader qui a suivi un parcours en imagerie numérique et réalité virtuelle et qui a réalisé le film La Renaissance en 2023 qui a d’ailleurs été sélectionné à la 50eme édition des Césars.

Nader estime qu’il produit « une richesse culturelle et intellectuelle » en France, mais que le pays ne lui facilite pas la vie en retour. « Quand tu viens à l’université la boule au ventre, ce n’est pas facile », a-t-il déploré.

OQTF en France : une plongée dans la précarité et la dépression

Ce sans-papiers tunisien confie que son OQTF l’a plongé dans « une grande précarité ». Outre la banque qui le menace de fermeture de compte, sa galère à trouver du travail faute de titre de séjour, Nader a aussi du mal à se nourrir. On le voit faire une longue queue pour s’inscrire et récupérer un colis alimentaire.

Sans travail ni domicile fixe, Nader squatte tantôt chez sa tante et dépanne parfois chez un ami. Il lui est toutefois arrivé de dormir dehors une fois, en plein hiver. « C’est une expérience que je n’ai pas envie de refaire », a-t-il confié.

Le plus dur pour lui a été cependant de ne pas revoir son père une dernière fois ou assister à ses funérailles, de peur de ne pas pouvoir revenir en France par la suite. « J’ai perdu mon père le 4 août. Je n’ai pas pu le voir, lui faire un dernier câlin sous peine de ne pas pouvoir revenir en France ».

Ce doctorant s’apprêtait pourtant à quitter la France pour revoir son père une dernière fois. « C’est cette promesse qu’il lui a faite de ne rien lâcher quoi qu’il arrive » qui l’avait poussé à rester en France et poursuivre ses projets d’avenir.

Nader fait un recours contre la décision de sa préfecture

Tout a pourtant bien commencé pour Nader, né en Tunisie ou il fait ses études jusqu’à obtenir un Master. Il s’inscrit ensuite à Campus France et se fait accepter par une université française. Il entre régulièrement en France en 2016.

Toutefois, en 2017, quand il tente de renouveler son titre de séjour, la préfecture de Nanterre lui fait parvenir un refus doublé d’une Obligation de quitter le territoire français. « C’est là que la dégringolade à commencé », a-t-il confié.

« C’est très difficile de recevoir une OQTF » estime Nader qui a d’abord eu du mal « à comprendre ce qui était en train de se passer ». « Ça m’a plongé dans la dépression durant 3 ou quatre mois », témoigne ce doctorant qui rase désormais les murs de Paris.

Nader a finalement déposé un recours concernant le refus de renouvellement de son titre de séjour. Il attend désormais son jugement qui est prévu pour le mois de janvier 2025.

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