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France : la guerre d’Algérie de nouveau au cœur des débats

France : la guerre d’Algérie de nouveau au cœur des débats

La guerre d’Algérie et plus globalement le passé colonial ne lâchent pas la France. On en parle à chaque fois que sont évoquées des questions liées à l’immigration, l’intégration, l’islamisme…

Cette fois, c’est le ministre de l’Education qui, intervenant dimanche 4 octobre sur une question pédagogique, qui est l’enseignement de la langue arabe à l’école publique, a débordé sur la question mémorielle.

Jean-Michel Blanquer a affiché son opposition à l’idée d’une repentance de l’Etat français pour ses crimes commis durant la colonisation de l’Algérie, appelant par ailleurs à « faire justice à toutes mémoires », dont celles des pieds noirs et des harkis.

« Je pense que si l’on fait de la repentance ‘’plus-plus’’, on a de l’intégration ‘’moins-moins’’ », a estimé M. Blanquer dans un entretien accordé à BFMTV. « De façon générale, on fait envie quand on est fort et quand on ne cherche pas toutes les cinq minutes à s’excuser de tout », a affirmé le ministre français.

 Jean-Michel Blanquer a par ailleurs appelé à « faire justice à toutes les mémoires. La mémoire des pieds noirs qui ont souffert énormément de la Guerre d’Algérie qui très souvent se sentent lésés par la façon dont on en parle dans les médias, la mémoire des harkis, de la même façon la mémoire de ceux qui ont lutté pour l’indépendance et qui souvent considèrent que souvent que quelque chose doit être dite. C’est vrai aussi du côté de l’Algérie », a-t-il estimé.

« Nous avons à travailler de manière apaisée entre la France et l’Algérie. Il peut y avoir des choses magnifiques dans le futur entre la France et l’Algérie si on réussit cet apaisement », a conclu le ministre français.

« Le président de la République (Emmanuel Macron, Ndlr) a dit quelque chose de très clair sur cette question. D’abord, il y a bien entendu plein d’imperfections historiques de tous les pays dont on analyse l’histoire. Donc là, il n’y a pas de problème. La question n’est pas d’avoir un jugement moralisateur sur le passé. La question est d’avoir un jugement d’historien », a souligné M. Blanquer.

Concernant l’apprentissage de la langue arabe dans les écoles, le ministre a estimé qu’il doit être détaché de l’enjeu religieux. « Nous devons avoir plus d’enfants qui apprennent l’arabe parce que nous savons que s’ils ne le font pas dans l’école de la république ou dans des structures périscolaires dont nous avons le contrôle, ils le feront dans des écoles coraniques ou toute sorte de structure dont l’objectif principal n’est pas linguistique mais religieux », a-t-il mis en garde.

Vendredi, le président Macron avait lui aussi évoqué la guerre d’Algérie lors de la présentation de son plan contre le « séparatisme islamiste » en France.

« Nous sommes un pays qui a un passé colonial (…) qui a des traumatismes qui n’a toujours pas réglés, avec des faits qui sont fondateurs dans notre psyché collective, dans notre projet, dans notre manière de nous voir. La guerre d’Algérie en fait partie », a déclaré le président français. Pour lui, le passé colonial de la France influence une partie de la population française issue de l’immigration maghrébine et subsaharienne.

« Au fond, toute cette période (coloniale) de cette histoire est revenue comme à rebours parce que nous n’avons jamais déplié les choses nous-mêmes. Nous voyons des enfants de la République (…) de citoyens issus de l’immigration venue du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne, revisiter leur identité par un discours postcolonial et anticolonial », a-t-il dit.

En juin dernier, une polémique avait éclaté en France sur la colonisation, dans le sillage des émeutes aux Etats-Unis, après la mort de Georges Floyd, un noir tué par un policier blanc au cours d’une interpellation musclée. Les symboles du passé esclavagiste et ségrégationniste du pays avaient été attaqués partout, et le mouvement de contestation a débordé pour toucher d’autres pays, dont la France, en raison de son passé colonial.

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait publiquement souhaité « poser la question » de débaptiser l’avenue Bugeaud à Paris. Le maréchal Bugeaud est un des acteurs de la conquête de l’Algérie dont il sera le gouverneur après avoir maté la résistance de l’Emir Abdelkader, au prix de nombreux massacres des populations autochtones.

Mais le président Macron a tranché la question. « La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre Histoire, toutes nos mémoires », avait-il dit.

En février 2017, lors d’une visite à Alger, alors candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron avait qualifié, dans un précédent historique, la colonisation de « crime contre l’humanité ». La bataille de la mémoire fait rage et la possibilité de rebaptiser des rues et des places publiques a été évoquée ces dernières semaines.

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