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France : la Nouvelle-Calédonie vue sous le prisme algérien

France : la Nouvelle-Calédonie vue sous le prisme algérien

L’actualité en France c’est aussi la situation en Nouvelle-Calédonie où des émeutes indépendantistes ont de nouveau éclaté. L’indépendance de l’Algérie, il y a plus de 60 ans,  est omniprésente dans les analyses qui sont faites en France sur la situation dans cette île lointaine du Pacifique.

Entre l’Algérie de 1954 et la Nouvelle-Calédonie de 2024, y a-t-il des similitudes ? S’agit-il d’une question de décolonisation ou d’une affaire interne ? Les avis divergent en France, mais l’Algérie revient dans toutes les interventions.

En parlant de similitudes, le journaliste anticolonialiste Jean-Michel Aphatie en trouve dans le discours prononcé cette semaine par le Premier ministre Gabriel Attal et les propos de François Mitterrand sur l’Algérie en 1954, alors qu’il était ministre de l’Intérieur.

Ce que rappelle la Nouvelle-Calédonie aux Algériens

Aphatie est de ceux qui, en France, estiment que la question calédonienne relève de la décolonisation. Comme d’habitude, il nomme les choses par leur nom.

« La France a pris de force la Nouvelle Calédonie. Elle en a fait une colonie de peuplement. Comme en Algérie », a-t-il écrit sur X. Ou encore, que « les tentatives de colonies de peuplement ont échoué en Algérie pour des raisons que l’on retrouve dans ce coin du Pacifique ». « Gommer l’histoire est la pire façon de la réécrire », estime l’éditorialiste.

Outre dans le discours, Jean-Michel Aphatie trouve aussi que les analogies « dans les conquêtes et les gestions quotidiennes » de l’Algérie sous occupation française et de la Nouvelle-Calédonie sont très nombreuses.

Ce que ne partage pas la journaliste Ruth Elkrief qui estime que la question calédonienne n’a rien à voir avec ce qui s’est passé en Algérie. « La France est à sa place en Nouvelle Calédonie parce que la nouvelle Calédonie ce n’est pas L’Algérie française », a-t-elle tranché sur LCI.

Elle explique que les colons sont sur place depuis près de 200 ans et « ont fait prospérer l’île », et que  les kanaks ne constituent aujourd’hui que 40% de la population.

« Depuis le discours de Brazzaville du général De Gaulle en 1946, nous n’avons pas le schéma de la population minoritaire qui détient le pouvoir et une autre majoritaire qui serait opprimée. Le schéma décolonial simpliste ne s’applique pas à ce territoire », ajoute-t-elle.

L’universitaire Alain Bauer tente de rester à équidistance des deux avis, mais ne s’empêche pas d’invoquer lui aussi l’Algérie dans son analyse de la question calédonienne. Pour lui, le gouvernement français prend le risque de créer « une petite Algérie », c’est-à-dire reproduire le scénario algérien de 1962.

 Sur CNews, l’universitaire a estimé que le sujet n’est pas traité avec tout le sérieux qu’il mérite.

« Si on n’avance pas intelligemment sur cette affaire, l’Etat prend un risque majeur de créer une petite Algérie », a-t-il mis en garde.

Crise en Nouvelle-Calédonie : le risque de « créer une petite Algérie »

Est-on devant un scénario à « l’Algérie française » ? Bauer répond que la France est en fait devant deux scénarios, « soit la partition, ce qui serait encore pire, soit une petite Algérie française ». Pour lui,  la solution c’est d’arriver à une sorte de « souveraineté-association » tel que prévu par le général De Gaulle.

Le général avait lui-même fait le parallèle avec l’Algérie au cours d’une visite dans l’île en 1966. « Il ne faut pas laisser s’installer une situation de domination, comme c’était le cas en Algérie », avait-il déclaré, comme le rappelle la page Gaullisme sur X.

Le lien entre la Nouvelle-Calédonie et l’Algérie ce n’est pas que le colonisateur commun. L’île abrite aussi de nombreux descendants de résistants algériens déportés par les Français au 19e siècle. 

Pour les Algériens, cette île rappelle l’un des pires crimes commis par le colonisateur qui est celui de déporter les gens et de les éloigner de leurs terres, de leurs lieux de vie, de leurs proches, vers des destinations lointaines.

Ils seraient aujourd’hui au nombre de 15 000. L’un de leurs représentants les plus connus, Jean-Pierre Aifa, trouve lui aussi que les autochtones des deux pays ont subi les mêmes affres du colonialisme. « Ici, le régime imposé aux Kanaks est le même régime qui a été imposé aux Algériens en Algérie », dit-il.

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