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France : la nouvelle vie d’Arnaud Montebourg

France : la nouvelle vie d’Arnaud Montebourg

Un peu plus d’un an sépare désormais Arnaud Montebourg de sa dernière aventure politique, soldée par un échec lors des primaires du PS. Depuis, l’ancien ministre de l’Économie s’est retiré sans faste ni éclat de la scène politique. Il assure aujourd’hui « être passé à autre chose ». Il a troqué son costume d’homme politique contre celui de l’entrepreneur proche de la terre.

Dans un entretien accordé dimanche 25 février au Journal du dimanche, l’ex-chantre du « made in France » a confié s’occuper d’élevages d’abeilles et de culture des amandes. « Je ne deviens pas producteur de miel ni d’amandes. Je rassemble les compétences et les moyens nécessaires pour relancer des filières sinistrées, aider des agriculteurs à s’installer et à s’équiper, et apporter aux consommateurs des produits de qualité », indique-t-il au JDD. Fini donc la politique ? Pas vraiment. « C’est la poursuite de mon action politique. Je travaille à la relocalisation de ces activités en Franc, pour créer des emplois, de la valeur et de l’excellence », plaide-t-il.

Le goût du combat et l’envie d’agir en cohérence avec ses luttes l’animent toujours, lui qui estime que la France importe plus de miel qu’elle n’en consomme tandis que la consommation d’amandes serait 30 à 40 fois plus grande que les récoltes. Mais cette énergie, l’ancien battu de la primaire de la gauche veut l’investir en dehors du terrain purement politique, où les conflits permanents n’aideraient pas à faire avancer le schmilblick.

« En politique, tout le monde se bat contre tout le monde, les énergies s’annulent. Par l’entreprise, on peut faire ce que les élus n’arrivent plus à faire. J’ai aussi des projets dans l’industrie, mais chaque chose en son temps. Sur le fond, mon engagement reste le même ; mais il est à la fois plus modeste et plus concret », explique-t-il.

L’Algérie a été dans son champ d’action politique

Fils de Leila Ould Cadi, une Oranaise, et de Michel Montebourg, un agent des impôts originaire d’Autun (centre de la France), Arnaud Montebourg était encore candidat à la primaire de gauche et avait l’esprit tourné vers la conquête du PS quand il entamait un week-end en Algérie en décembre 2016. L’occasion d’un retour aux sources, sur les terres de son grand-père maternel, un ancien tirailleur qui s’était ensuite engagé dans les rangs de l’ALN, relate Paris Match, à qui Montebourg, entre la narration de deux souvenirs d’enfance, confiait : « Oui, mon grand-père était un arabe et j’en suis fier ».

Mais une fois cet intermède clos, l’exercice politique reprenait les devants. « L’arabo-morvandieu » (en référence au Morvan, nom d’un massif de basse montagne situé dans la région d’où est originaire son père), comme il aime à se revendiquer, se rendait à Oran visiter une usine Renault où les véhicules qui en sortent sont destinés au marché local. « L’usine Renault Algérie est un partenariat de colocalisation exemplaire, gagnant pour la France, gagnant pour Renault et gagnant pour l’Algérie », déclarait-il à cet effet, évoquant le terme de « colocalisation », un concept favorisant une relation économique fondée sur l’égalité, annoncé en 2012 par l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, alors de visite au Maroc.

L’ancien pensionnaire de Bercy rappelait d’ailleurs que la Méditerranée devait être à la France ce que les pays de l’Est sont à l’Allemagne : un « arrière-pays » où se fabrique à bas coûts les produits trop chers à monter en Europe. « Pour un pays donneur d’ordre, sa compétitivité coûts et hors coûts s’en trouvent accrues, ce qui lui permet de gagner des parts de marché, d’investir, et donc de créer des emplois. Quant au pays exécutant, le bénéfice le plus important réside dans la formation, la professionnalisation de la main-d’œuvre, et l’enclenchement d’une remontée des filières industrielles », expliquait à L’Express l’économiste El Mouhoub Mouhoud, qui mettait notamment en garde contre l’absence de formation des employés et la « mise en jachère » de milliers de diplômés dans ce processus.

Arnaud Montebourg avait également orchestré les opérations dans le rachat de Fagor-Brandt par Cevital en 2014, le géant algérien ayant investi plus de 200 millions d’euros pour relancer l’un des fleurons de l’électroménager français.

En bon politique, Montebourg brandissait lors de ce rapide séjour ses liens avec l’Algérie afin de parler aux Français d’origine maghrébine, un réservoir d’électeurs non négligeable, évoquant, sous forme de boutade, sa volonté de faire de l’Algérie l’un de ses partenaires économiques privilégiés : « Moi, j’ai mon triple A : Allemagne, Algérie, Afrique ! ».

Pas le seul politique à se reconvertir

Pourtant, à peine plus d’un mois après sa visite express en Algérie, l’homme politique mourrait avec ses idées, évincé dès le 1er tour des primaires qui dessinait un duel entre Benoît Hamon et Manuel Valls. Arnaud Montebourg, qui n’a plus de mandats et vit grâce à sa société Équipes made in France, indique Le Figaro, n’est à vrai dire pas le premier à tirer un trait ou mettre en parenthèse le monde politique. Lui-même avait déjà quitté cet univers en 2014, après son départ du ministère du Redressement productif. Il avait alors rejoint le comité exécutif de chez Habitat – une société d’ameublement et de décoration –, avant de revenir sur le devant de la scène pour se lancer dans la campagne des primaires.

L’ex-ministre de l’Éducation Najat Vallaud Belkacem vient de rejoindre les rangs de l’institut de sondages Ipsos en qualité de directrice générale déléguée, chargée des études internationales et de l’innovation sociale, seulement un mois et demi après avoir annoncé son recrutement chez l’éditeur Fayard, précise L’Express. L’ancienne élue se disait fatiguée de la « trop faible qualité du débat public » pour justifier son éloignement de la politique après sa défaite aux dernières élections législatives.

À droite de l’échiquier, François Fillon s’est également retiré de la vie politique. L’ancien candidat aux présidentielles, éclaboussé par des affaires d’emplois fictifs et celle liée à des costumes offerts, a rejoint en tant qu’associé la société de gestion d’actifs et d’investissements Tikehau Capital.

L’ex-députée et ministre Nathalie Koscuisko-Morizet, elle, a pris la direction de New York où elle oeuvre pour Capgemini, une société de poids dans le secteur du numérique.

Quant à Chantal Jouanno, l’ancienne ministre des Sports sous Nicolas Sarkozy, qui était encore sénatrice l’été dernier, avait annoncé vouloir changer de vie. « Ce n’est pas un coup de tête. Je mûrissais cette décision depuis longtemps », confiait-elle au Figaro. Et d’ajouter : « Je vais m’intéresser au fonctionnement de l’entreprise. (…) Vous n’entendrez plus jamais parler de moi ».

Pourtant, l’ex-élue vient d’être choisie par Emmanuel Macron pour présider la Commission nationale du débat public, visant à promouvoir les projets du gouvernement liés à l’environnement, indiquent les médias français. Quelques mois après ses grands adieux, la voilà donc de retour. Preuve qu’en politique, une rupture n’est jamais certaine d’être définitive.

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