Comme il fallait s’y attendre, l’assassinat d’une collégienne en France est saisi au vol par toute l’extrême-droite.
La divulgation du lieu de naissance des suspects, l’Algérie, constitue du pain béni pour Eric Zemmour et tous les adeptes de la récupération politicienne de tout fait divers impliquant des immigrés.
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Zemmour et les autres sont allés trop loin en conférant au crime une connotation raciste, le qualifiant de « francocide », et surtout en se substituant à la justice pour condamner les suspects.
La fillette de 12 ans n’est pas rentrée de l’école vendredi. Dans la soirée, son corps mutilé a été découvert dans une malle dans la cour de l’immeuble où habitent ses parents, dans le XIXe arrondissement de Paris.
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La police a procédé à l’interpellation de quatre suspects, « tous nés en Algérie », selon des médias français comme Le Parisien. C’est le genre de détails dont est friande l’extrême-droite.
Une pression terrible est mise sur le gouvernement auquel est de nouveau reprochée sa politique migratoire. Comme si les auteurs du crime avaient agi ainsi parce qu’ils sont « Algériens » et la petite tuée parce qu’elle est « blanche » et « chrétienne ».
Cette dimension « raciale » est donnée au crime par un député « lepéniste », Alexis Jolly qui dénonce un crime commis sur une « Française, blanche et chrétienne ». Eric Zemmour y voit un « francocide » dans le cadre de l’entreprise de « génocide » du peuple français.
Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle révèle les prénoms des suspects et bien sûr leur nationalité, soit « Dahbia B., Amine K., Friha B. et Rachid N. », les « quatre suspects algériens » dans l’affaire Lola.
« Quand défendrons-nous nos enfants contre ces francocides qui sont toujours commis par les mêmes, toujours au détriment des mêmes », a tweeté Zemmour.
« En France, en 2022, une petite fille peut être retrouvée dans une malle, massacrée par des sauvages », a indiqué pour sa part la porte-parole du Rassemblement national (RN) Laure Lavalette, sur le même réseau social.
« Ce crime effroyable est tout sauf un fait divers. Chaque jour, des actes d’une violence inouïe se multiplient, et rien de sérieux n’est fait pour endiguer cette spirale de la violence », a dénoncé un député du même parti, Brayan Masson.
Le « 17 octobre » s’invite dans le débat
Ce lundi 17 octobre, soit trois jours après la découverte du corps de la fillette, le président Emmanuel Macron a rendu hommage aux victimes du massacre d’Algériens à Paris par la police française à la même date de l’année 1961.
Emmanuel Macron a réitéré ce qu’il a dit l’année dernière à la même occasion, à savoir que ces crimes sont « inexcusables pour la République ».
Déjà que toute l’extrême-droite ne supporte pas ce genre de gestes mémoriels, elle s’est donné le mot pour utiliser l’affaire Lola pour fustiger la déclaration présidentielle.
« Les prisons sont désormais remplies de francocideurs qui trouvent toujours le moyen de justifier leur crime par la haine de la France et des Français, propagée par ce type de repentance pour des faits d’un autre siècle », a tweeté Damien Rieu.
« Au moment où Lola est assassinée par des sauvages nés en Algérie, le président a choisi ses priorités mémorielles », réagi pour sa part le député RN Pierre Meurin.
Guillaume Peltier vice-président de Reconquête, parti d’Eric Zemmour, s’est adressé au président français en s’interrogeant : « Et sinon, la vérité sur le meurtre de Lola, ça vous intéresse, Emmanuel Macron ? ».
Mélange des genres
Il s’agit d’un mélange des genres tout à fait inapproprié. Le meurtre de la petite Lola est abject, barbare.
Aucun adjectif ne peut en effet le qualifier, mais parler de crime raciste, c’est aller trop vite en besogne. Faire une telle déduction à partir de la seule origine des meurtriers, c’est faire preuve de mauvaise foi.
D’abord, personne en dehors des enquêteurs et des meurtriers eux-mêmes ne connaît les motivations du crime. Le plus sage est donc d’attendre les résultats de leur audition et de l’enquête.
Quand bien même ils auraient agi par des motivations, cela ne fait pas des Algériens et des autres immigrés des coupables et des complices.
Ce n’est pas la première fois que l’extrême-droite française réagit avec légèreté devant un crime commis par des personnes d’origine immigrée.
En 2018, le meurtre d’une vieille dame de confession juive par des délinquants a été qualifié de crime antisémite, comme si c’était l’unique raison que pouvaient avoir des délinquants pour s’attaquer à une femme vivant seule.