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France : l’affaire Obono, symbole de la banalisation du racisme

France : l’affaire Obono, symbole de la banalisation du racisme

L’affaire serait frappée, comme les innombrables dérapages semblables en France, du sceau de la banalité si la justice ne s’était pas mêlée.

Le magazine d’extrême droite Valeurs actuelles doit répondre devant les tribunaux de sa dernière glissade en date : une caricature représentant en esclave une députée noire.

La victime s’appelle Danièle Obono, députée de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Elle a été représentée, un collier en fer au cou, dans un dessein publié le 27 août par le magazine. Celui-ci fait l’objet d’une enquête pour « injures à caractère raciste », indique le parquet de paris ce lundi 31 août.

Les investigations sont confiées à la police judiciaire de la capitale française. La députée avait déjà fait part dès samedi dernier de son intention de porter plainte, qualifiant la publication de « souillure qui ne s’effacera pas ».

Le magazine a vite réagi, expliquant d’abord qu’il n’y avait « rien de raciste » dans sa publication puis présentant ses « excuses » à la concernée.

« Notre intention, transparente, était la suivante : là où les indigénistes et les déconstructeurs de l’Histoire veulent faire payer le poids de cette insoutenable traite aux seuls Européens, nous voulions rappeler qu’il n’existât pas d’unité africaine, et que la complexité de la réalité, sa dureté, était à raconter. Nous avons choisi cette élue car elle participe selon nous, par ses prises de position répétées, à cette entreprise idéologique de falsification de l’Histoire (…) Si nous contestons fermement les accusations dont nos contempteurs nous accablent, nous avons suffisamment de clairvoyance pour comprendre que la principale intéressée, madame Danièle Obono, ait pu se sentir personnellement blessée par cette fiction. Nous le regrettons et lui présentons nos excuses. »

Des excuses qui seraient passées s’il ne s’agissait pas, comme le souligne l’élue, de « l’aboutissement d’un acharnement médiatique » contre elle. « Cela fait trois ans qu’on alerte sur le fait qu’il y a un processus de racialisation, de racisme dans ce pays », dit-elle.

La classe politique, du président Emmanuel Macron jusqu’au Rassemblement national de Marine Le Pen, a condamné le dérapage dont la violence n’est que la conséquence de la banalisation du discours raciste, de l’impunité dont jouissent ses promoteurs et des tribunes qui leur sont offerte, pas seulement sur les réseaux sociaux.

Valeurs Actuelles, connu pour sa ligne éditoriale qui répercute les thèses de l’extrême droite, n’est hélas pas le seul média français à servir de caisse de résonance au discours raciste et xénophobe.

Eric Zemour, plusieurs fois condamné par la justice de son pays pour injures racistes, ne chôme pas. Il a toujours trouvé une tribune pour déverser sa haine du Maghrébin et du Musulman. Il le fait depuis sur la chaîne C-News, une chaîne du groupe Canal+, après avoir connu plusieurs grandes rédactions de la presse écrite et audiovisuelle françaises, comme journaliste, chroniquer ou invité.

La recette est simple : pour les médias français, la présence du polémiste sur le plateau est synonyme de l’explosion de l’audience.

La banalisation du racisme par ceux qui sont censés être les premiers à le combattre, les médias en l’occurrence, ne pouvait que déboucher sur la promotion des amalgames, des déchirements et des violences.

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