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France : l’Algérie cristallise à nouveau les critiques à cause des OQTF

L’Algérie est de nouveau au centre du débat en France sur la question des OQTF (obligation de quitter le territoire français) et les laissez-passer consulaires.

Des voix s’élèvent pour réclamer l’application des mesures chères à l’extrême-droite, soit la suspension des visas ou encore des transferts de fonds. Le débat est relancé suite au meurtre de l’étudiante Philippine par un jeune marocain sous OQTF.

Il y a trois semaines, le Figaro rapportait que les centres de rétention étaient « encombrés d’Algériens », faute de laissez-passer consulaires.

« Avec les Algériens, c’est toujours compliqué », a confié le préfet d’un département français particulièrement concerné lundi 9 septembre à ce média.

Les autorités françaises n’arrivent donc plus à expulser les ressortissants algériens indésirables, notamment ceux qui ont commis des crimes et des délits, selon la même source.

Les OQTF prononcées par les organismes compétents à leur encontre ne débouchent pas sur les expulsions, faute de laissez-passer consulaire.

« On délivre toujours des OQTF, on les met en rétention et, faute de laissez-passer, on les remet en liberté », a encore expliqué le responsable de la préfecture qui n’a pas été cité nommément.

Sur le plan des expulsions, le nombre des ressortissants algériens éloignés actuellement est insignifiant, voire quasi nul, affirme un haut fonctionnaire très au fait des questions d’immigration, cité également sous couvert de l’anonymat.

France : l’Algérie accusée de refuser de délivrer des laissez-passer consulaires

L’année dernière, les Algériens ont été classés en tête des nationalités les plus éloignées avec un total de 2.562 expulsions. Ils sont suivis par les Géorgiens (1.642), les Albanais (1.439), les Marocains (1.104), les Roumains (1.026) et les Tunisiens (887).

Mais cette année, les exécutions des expulsions des ressortissants algériens indésirables en France sont loin d’être à la hauteur des attentes des autorités françaises. La raison serait liée, selon la presse française, au refus de l’Algérie de « délivrer les laissez-passer consulaires qui permettent le retour des Algériens expulsés de France ».

Le ministère de l’Intérieur français n’a rien communiqué officiellement à ce propos.

Alors que les relations entre les deux pays traversent une période difficile, le débat sur l’Algérie et les OQTF a rebondi suite au meurtre d’une étudiante de 19 ans, dont le corps a été découvert samedi 21 septembre au Bois de Boulogne, dans la région parisienne.

La victime, Philippine, serait encore en vie si son meurtrier, un sans-papiers marocain, avait été expulsé conformément à une OQTF qui le visait, estime-t-on sur les plateaux de TV françaises. Bien que le meurtrier présumé ne soit pas Algérien, c’est l’Algérie qui cristallise, une nouvelle fois, les critiques.

Pour Romain Desarbres, éditorialiste de CNews, une chaîne proche des milieux extrémistes, il faut « réduire ou supprimer provisoirement la délivrance de visas aux Algériens jusqu’à ce que le gouvernement algérien change d’avis et accepte de récupérer ses OQTF ».

Philippe Ballard, porte-parole du Rassemblement national (RN), a carrément préconisé lors d’un passage sur TF1 d’appliquer le « zéro visa ».

L’extrême-droite française préconise le « zéro visa » pour les Algériens

« Il y a des pays du Maghreb ou de l’Afrique subsaharienne qui ne les délivrent pas (les laissez-passer consulaires, ndlr). Pour l’Algérie, c’est infinitésimale (…) On va au bras de fer, c’est-à-dire c’est zéro visa », a suggéré le responsable du parti d’extrême-droite.

Il a aussi avancé l’idée de mettre fin à l’aide au développement, reprenant le mensonge de l’eurodéputé Reconquête Sarah Knafo qui a parlé de 800 millions d’euros d’aides françaises à l’Algérie.

« Les flux financiers privés, Western Union, etc., on bloque, et on demandera à Bruxelles de faire la même chose », a-t-il ajouté.

Pour Nicolas Pouvreau-Monti, directeur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, « le cas extrême en la matière, c’est celui de l’Algérie, notamment depuis le désaccord avec la France sur la question du Sahara occidental ».

Le 31 juillet, l’Algérie a décidé « le retrait de son ambassadeur auprès de la République française avec effet immédiat », au lendemain de la reconnaissance par Emmanuel Macron de la « prétendue souveraineté du Maroc » sur le Sahara Occidental.

Nicolas Pouvreau-Monti a estimé sur Europe 1 qu’il s’agit de « l’engagement d’un rapport de force durable » et a suggéré une réponse européenne puisque « le système Schengen prévoit la possibilité de suspendre la délivrance de visas à des pays qui ne coopèrent pas ».

Sur le même média, l’éditorialiste Alexis Brézet a évoqué le levier des visas comme étant « l’arme nucléaire » entre les mains de l’Europe et de la France.

« Vis-à-vis des pays source, comme l’Algérie, on a l’arme nucléaire : vous ne délivrez pas de laissez-passer de retour pour les OQTF, vous n’aurez pas de visas d’entrée pour vos ressortissants », a-t-il dit.

En septembre 2021, le président Macron a décidé de diviser par deux le nombre de visas accordés aux ressortissants des pays du Maghreb que Paris a accusé de ne pas délivrer assez de laissez-passer consulaires. Cette mesure a été ensuite levée, mais la délivrance des visas se fait toujours au compte-goutte.

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