Nouvelle polémique en France concernant l’Islam et les musulmans. Cette fois, c’est la robe longue dite « abaya » qui ne met pas tout le monde d’accord. Alors que des lycéennes sont de plus en plus nombreuses à la porter en France, beaucoup y voient une « atteinte à la laïcité » de l’école et un pied-de-nez à la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l’école.
En avril dernier, cinq lycéennes des Yvelines ont lancé une pétition pour le port de cet habit féminin qui, pour certains, n’a rien de religieux. Elles ont indiqué dans leur appel que les agents de l’établissement ne laissent plus, depuis quelques semaines, entrer les filles qui portent l’abaya. Pour l’administration, il s’agit d’un moyen de contourner l’interdiction du port du voile islamique.
Début juin, le président Emmanuel Macron a tranché lors d’une visite à Marseille, indiquant que pour tous les élèves, « il n’y a pas de signes religieux, quels qu’ils soient », et exigeant de « la clarté sur les chiffres ».
Le ministère de l’Éducation a fait état d’une hausse du phénomène du port de tenues religieuses dans les écoles depuis l’automne 2021, précisant que l’abaya représentait 22% des signalements.
Sept lycées sur dix ont fait état de problèmes, relève un responsable du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN, qui rappelle qu’une circulaire de septembre 2022 leur demande de déterminer « si la tenue est religieuse ou pas ». Ce qui est, selon lui, « matériellement impossible ». Car l’abaya est portée même par des filles non voilées.
Ce qui n’empêche pas le CIPDR, le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, de soupçonner « une stratégie islamiste structurée pour pénétrer les esprits et préparer les générations futures ».
Abaya : la société française opposée, selon un sondage Ifop
Cette fois, il n’y a pas que l’extrême-droite qui réclame de la fermeté. La majorité présidentielle aussi est résolument contre le port de cet habit dans les écoles. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a estimé que les abayas « ne doivent en aucun cas être tolérées », tandis que pour le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, « la laïcité, on la défend partout et notamment à l’école ».
De toute la classe politique française, sauf une partie de la gauche, particulièrement Jean-Luc Mélenchon, trouve que l’abaya est un habit comme les autres et n’a rien de religieux.
Mais qu’en pense la société ? Un sondage réalisé par l’institut IFOP pour Sud Radio fait ressortir qu’une grande majorité des Français ne sont pas pour le port de l’abaya à l’école.
Les personnes interrogées sont 77% à se positionner contre cet habit (57% tout à fait opposés et 20% plutôt opposés), contre seulement 23% qui sont favorables (7% tout à fait favorables et 16% plutôt favorables).
Par tranches d’âges, ce sont les plus jeunes qui ne voient pas d’un mauvais œil le port de l’abaya, 58% des 18-24 ans se disant « favorables », contre seulement 7% chez les plus de 65 ans.
Les anti-abaya se trouvent, sans surprise, parmi les sympathisants de la droite et de l’extrême-droite (92% chez les Républicains et 78% chez le Rassemblement national). À gauche, c’est un soutien plutôt mitigé (40% et 25% des sympathisants de la France insoumise et d’Europe-Écologie-les Verts sont favorables).
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