Dans un contexte des plus tendus pour les étrangers en France, les récits d’agressions racistes se multiplient. Au lendemain du premier tour des législatives qui a eu lieu dimanche 30 juin, une Algérienne de Chacrise, commune française située dans le département de l’Aisne, a subi une violente agression raciste de la part de voisins.
Dans la plupart des circonscriptions du département de l’Aisne, comme à Chacrise, les candidats RN ont été élus dès le premier tour des législatives. Ces scores ont donné lieu à un acharnement sans précédent contre Nacira, une ressortissante africaine de 61 ans, pourtant installée dans la région depuis 1988.
Violente agression raciste contre une habitante de Chacrise
Elle avait en effet acheté sa maison en 1988 et a célébré son mariage à la mairie de Chacrise en 1992. Lundi 1ᵉʳ juillet, un couple à bord d’une voiture stationnée devant chez elle lui a lancé un flot d’insultes racistes, rapporte Madiapart ce dimanche 7 juillet.
Voulant collecter des preuves de l’agression raciste, elle sort son téléphone et s’approche du véhicule pour filmer ses agresseurs. « Je suis sale race, n’est-ce pas ? Je suis sale race ? », répète-t-elle en s’avançant vers l’avant de la voiture.
La conductrice, une blonde aux cheveux courts, était accompagnée d’un homme, décrit la dame au même média.
Nacira demande à ses agresseurs de sortir de la voiture afin de pouvoir les filmer. L’homme ouvre très brutalement la portière et sort en trombe, projetant Nacira en arrière. Son téléphone tombe par terre, mais continue d’enregistrer les images et le son de la conductrice proférant des menaces à l’adresse de la sexagénaire. Puis, le couple s’engouffre dans la voiture et quitte les lieux.
En essayant de s’interposer, Michèle, 67 ans, voisine et amie de longue date de Nacira, a aussi eu son lot d’insultes et de crachats au visage. « C’était très violent », se souvient-elle.
« J’ai peur qu’on mette le feu à ma maison »
Quelques jours plus tard, soit le 4 juillet, un des enfants de la conductrice aurait aussi adressé un doigt d’honneur à Nacira en la traitant de « connasse ».
Ensuite, vers à 22h, les enfants du couple ont uriné sur le portail de sa maison, « en la défiant du regard », raconte-t-elle.
Le maire de la ville, « très remonté » a décidé de déposer plainte au nom de la mairie. « Ça ne peut pas continuer comme ça », déclare-t-il.
Dégouté par le score réalisé par la RN dans sa commune, il ajoute que s’il était en début de mandat, il aurait démissionné. « Je ne vais rien laisser passer, Nacira a tout mon soutien », a encore déclaré l’élu.
Ce ne sont pas les seuls cas d’agressions racistes dont Nacira a été victime. Depuis le premier tour des législatives, les actes racistes se sont multipliés à son égard, au point de la pousser à réfléchir à quitter son village.
« J’ai peur qu’on mette le feu à ma maison. Mon mari est d’origine béninoise, comme mes enfants, mes petits-enfants sont noirs : j’ai peur aussi pour eux », confie-t-elle.