Les positions exprimées sur l’immigration par l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, lui ont valu d’être approché par le courant extrémiste en vue de le « recruter ».
Le Rassemblement national (ex-Front national), qui compte confirmer sa montée lors des élections européennes de juin prochain, a formellement demandé au diplomate de rejoindre sa campagne, a révélé Le Figaro ce mardi.
Le diplomate à la retraite a séduit le parti de Marine Le Pen depuis qu’il est parti en croisade contre l’accord de 1968 qui régit l’immigration algérienne en France.
Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie à deux reprises, de 2008 à 2012 puis de 2017 à 2020, est le premier à avoir appelé, dans une note pour la Fondation pour l’innovation politique datée de mai 2023, à la révocation de l’accord.
Pour lui, le texte est « favorable » à l’immigration algérienne par rapport aux ressortissants des autres pays soumis à la législation du droit commun. Driencourt avait estimé que l’accord était devenu « obsolète » du fait du changement du contexte politique et économique en France, 55 ans après sa signature.
Depuis, plusieurs personnalités, de droite notamment mais aussi du camp présidentiel comme l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, ont appelé à leur tour à la révocation de l’accord. Une proposition de résolution dans ce sens a été introduite par le parti Les Républicains (Droite) mais elle a été rejetée par l’Assemblée nationale le 7 décembre dernier.
Xavier Driencourt, l’ancien ambassadeur de France en Algérie, a recalé le RN
La paternité de l’idée appartient toutefois à Xavier Driencourt qui, en outre, a multiplié, avant et après sa note, les déclarations sur les relations entre la France et l’Algérie. « Les Algériens ne comprennent que le rapport de force », a-t-il déclaré à l’AFP en mars 2022. Il a aussi écrit plusieurs ouvrages dans lesquels il ne décrit pas la relation franco-algérienne sous son meilleur jour.
De quoi séduire le courant extrémiste qui, depuis quelques années, fait de l’Algérie un point de fixation.
Selon les informations du Figaro, Driencourt a été approché par le Rassemblement national qui lui a proposé de rejoindre sa campagne en vue des élections européennes prévues entre le 6 et le 9 juin prochain.
L’ancien ambassadeur de France en Algérie a été « démarché » ces dernières semaines par plusieurs cadres du parti mais « il n’a pas donné suite », a indiqué au journal un élu du Rassemblement national.
Ce que le concerné a confirmé, toujours auprès du Figaro, indiquant que sa réponse a été que « pour entrer en politique active, il faut des qualités que je n’ai pas ». « On ne fait pas son entrée dans le monde politique à 69 ans », ajoute Xavier Driencourt qui a rejoint en 2023 le « comité stratégique » du média d’extrême-droite « Livre noir ».
La nouvelle du démarchage de Xavier Driencourt survient alors que toute la France parle du recrutement par le RN de l’ancien directeur général de Frontex, l’agence européenne de sécurité des frontières. Fabrice Leggeri, qui a exprimé après sa retraite des idées tranchées sur la question de l’immigration, est désormais numéro 3 sur la liste du parti d’extrême-droite aux prochaines élections européennes.