Parmi les craintes suscitées en France par l’éventuelle accession du Rassemblement national (RN) à l’issue des législatives du 30 juin et 7 juillet, la remise en cause de la scolarisation des élèves dont les parents sont en situation irrégulière sur le territoire français.
Des personnels de l’éducation refusent que l’on touche à un principe fondamental de la République française qui est l’enseignement pour tous et préparent déjà la résistance. Quitte à désobéir aux ordres de la hiérarchie.
Quel avenir pour les élèves sans papiers en cas de victoire du RN ?
Emmanuel Constant est principal de collège dans le Val-de-Marne. Invité ce dimanche 23 juin sur BFMTV, il a clairement fait savoir qu’il n’obéirait pas à une éventuelle instruction allant dans le sens d’empêcher les élèves de “sans papier” de poursuivre leur scolarité.
L’homme affirme qu’il est « dans la maison éducation nationale » depuis 30 ans et qu’il a « obéi à des gouvernements de toutes obédiences ». « En choisissant d’accepter d’intégrer le corps des personnels de direction, j’ai admis et parfaitement assimilé l’idée qu’il me fallait obéir », dit-il.
Néanmoins, il précise qu’il est « d’abord et avant tout un serviteur de la République ». C’est-à-dire, si par exemple, « dans l’hypothèse où un gouvernement me demanderait de vérifier le caractère régulier du droit de séjour d’un de mes élèves, je me refuserai de le faire », tranche-t-il, expliquant que sa mission « c’est d’assurer l’éducation et l’instruction de tous les enfants qui habitent sur le territoire de la République ».
Élèves « sans papiers » en France : des personnels de l’éducation mettent en garde le RN
« Quand on a en charge et en responsabilité les enfants de la République il y a des choses qui sont plus grandes que l’obéissance à des ordres ou à des directives qui peuvent nous sembler contraires aux principes de la République », insiste l’éducateur, dans une forme de mise en garde contre l’extrême-droite qui compte mener la chasse aux étrangers sans papiers qui se trouvent sur le territoire français, si elle parvient à accéder au pouvoir à l’issue des législatives du 30 et du 7 juillet.
D’autant plus que, fait-il savoir, il n’est pas seul à envisager de désobéir à de telles directives. « On était à 1.700 signataires ce matin, je n’ai pas le sentiment d’être tout seul dans cette histoire », dit-il.
Selon lui, les signataires d’une pétition refusent que l’on touche au droit des élèves à l’éducation et sont « d’horizons politiques et partisans très différents ».
« Ils ont choisi effectivement de se poser la question de leur obéissance à des injonctions ou des directives qui pourraient être contraires avec les valeurs qui les ont incités à faire ce métier », ajoute-t-il.
Pour ce principal de collège, « quand on s’engage pour l’école de la République, on s’engage pour une certaine idée de l’école ».