Le ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner a annoncé, ce mardi 6 novembre, devant l’Assemblée nationale que les expulsions d’étrangers en situation irrégulière avaient augmenté de 20% cette année.
« L’entrée en fonction de ce gouvernement a marqué un tournant » dans la lutte contre l’immigration irrégulière, « avec une reprise nette des éloignements », a affirmé le ministre, qui présentait le projet de budget 2019 de l’immigration.
« Après une hausse de 14% en 2017, nous constatons cette année une nouvelle augmentation de 20% des étrangers quittant le territoire national alors qu’ils ne disposent pas du droit de séjour », a-t-il poursuivi.
Il y a eu 14.859 éloignements forcés en 2017, selon les chiffres de la Direction générale des étrangers en France.
Portée par l’ancien ministre Gérard Collomb, la loi asile-immigration, entrée en vigueur mi-septembre après avoir provoqué de vifs débats jusque dans les rangs de la majorité, vise à réduire les délais d’examen de la demande d’asile et à mieux maîtriser l’immigration irrégulière.
Le texte vise à ramener à six mois le traitement des demandes d’asile, contre 11 en début d’année, pour faciliter à la fois l’expulsion des déboutés et l’accueil des réfugiés. Il allonge par ailleurs de 45 à 90 jours la durée maximale de la rétention et facilite l’éloignement pour certaines catégories de déboutés.
L’exécutif jugeait la loi précédente, élaborée peu avant le pic migratoire de 2015, sous-calibrée face aux arrivées (plus de 100.000 demandes d’asile en 2017, en hausse de 17%), qui saturent les structures d’accueil.
« Pour amplifier cette dynamique, des moyens supplémentaires étaient nécessaires – certains préfèrent des paroles », a lancé mardi M. Castaner aux oppositions.
« Depuis octobre 2017, 200 places de CRA (centres de rétention administrative) ont été ouvertes » et pour 2019 un « plan d’investissement » dans ces centres est prévu, à hauteur de 48 millions d’euros, a précisé le ministre.
Au total, le projet de budget immigration-asile-intégration est prévu en hausse de 13% à périmètre constant, atteignant 1,58 milliard d’euros.
« Notre pays demeure soumis à une pression migratoire intense et évolutive, qui appelle de notre part une action déterminée mais aussi équilibrée », a martelé M. Castaner, qui a succédé à Gérard Collomb mi-octobre.