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France : l’extrême-droite conquiert l’Europe en attendant l’Élysée

France : l’extrême-droite conquiert l’Europe en attendant l’Élysée

Séisme en France. Le président Emmanuel Macron a dissous ce dimanche 9 juin l’Assemblée nationale (chambre basse du parlement) à l’issue de la victoire retentissante du Rassemblement national (RN, extrême-droite) aux élections européennes.

Les sondages n’ont pas menti. La victoire promise en France depuis de longs mois à l’extrême-droite s’est concrétisée ce dimanche 9 juin aux élections européennes, après une campagne dominée par les sujets liés  à l’immigration, la place de l’islam et des musulmans et la sécurité en France.

Si on ajoute le score de 5,5 de la liste menée par Marion Maréchal Le Pen du parti Reconquête ! d’Eric Zemmour, l’extrême-droite aura obtenu près de 40% des suffrages exprimés.

Le score obtenu par Reconquête ! dont le seul programme est d’attaquer les Algériens et les musulmans est encore plus marquant du basculement de la France dans l’extrême-droite la plus dure.

La liste menée par Jordan Bardella, président du RN (ex-Front national), est arrivée largement en tête d’un scrutin marqué aussi par la défaite cuisante du président Emmanuel Macron à travers son parti, Renaissance, dont la liste a récolté à peine 15% des voix des électeurs.

Le reste des résultats est aussi conforme aux prédictions. Le Parti socialiste (PS) a obtenu 14%, La France Insoumise (LFI) 8,7%, les Républicains (LR) 7,2%, Reconquête ! d’Éric Zemmour 5,5% et les écologistes 5,2%.

Reconquête !, un parti antimusulman obtient plus de 5% des suffrages

Ayant tous dépassé la barre des 5% des suffrages, ces sept partis se partageront, proportionnellement à leur résultat, les 81 sièges de la France sur les 720 que compte le Parlement européen (PE).

Le scrutin en lui-même n’a pas une grande incidence sur la vie des Français. Mais avec la dissolution de l’Assemblée qu’il a provoquée, ses retombées sont déjà lourdes et pourraient l’être davantage dans les prochaines semaines.

Le scrutin était d’une extrême importance en ce sens où il constitue le révélateur des tendances lourdes de la société.

Il est surtout annonciateur de l’avenir proche du pays. Si l’extrême-droite a gagné aux européennes comme le prédisaient les sondages, il n’y a pas de raison d’attendre que ceux qui lui promettent aussi la victoire à la présidentielle de 2027 soient démentis. Et même peut-être dès les prochaines semaines aux législatives.

La France le sait maintenant : elle est très proche d’être dirigée par un parti d’extrême-droite. A l’issue de ces européennes, ce courant pèse désormais plus de 40% de l’électorat français, si l’on ajoute les 5,5% de la liste menée par Marion Maréchal Le Pen pour le compte du parti d’Eric Zemmour qui va ainsi disposer de ses premiers élus européens.

La victoire du RN n’est ni une surprise ni une nouveauté. C’est la troisième fois consécutive que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen arrive en tête d’un scrutin européen après 2014 et 2019. Ce qui affole cette fois, c’est son score et cette tendance à faire chaque fois mieux.

En l’imitant, le camp républicain français a légitimé le discours de l’extrême-droite 

L’éventualité de l’accession au pouvoir de l’extrême-droite fait peur au camp qui se définit comme « républicain ». Mais ce camp, y compris dans une certaine mesure le président Macron, n’a pas opté pour la bonne méthode pour lui barrer la route.

Chasser sur le terrain des idées du RN et de Reconquête ! pour leur tirer le tapis sous les pieds était un mauvais calcul qui s’avère aujourd’hui désastreux.

Le virage à droite pris par Emmanuel Macron, et à l’extrême-droite pour ce qui est des Républicains sur des questions comme l’immigration, la sécurité ou la place de l’Islam en France, a sans doute contribué à légitimer le discours populiste.

France : l’extrême-droite aux portes du pouvoir

En quête de « normalisation » et de « dédiabolisation », l’extrême-droite française n’en demandait pas tant, elle qui a été aidée et soutenue par les médias de la galaxie Bolloré.

Marine Le Pen n’a-t-elle pas revendiqué une « victoire idéologique » lorsque Macron a accepté en décembre dernier de revoir sa copie concernant la loi immigration sous la pression du RN ?

Et en politique, il y a une règle immuable qui veut que les électeurs, au moment fatidique de choisir, préfèrent l’original à la copie. Et le résultat est là. Le courant populiste n’a pas percé dans le reste de l’Europe et il a gagné haut la main en France.

Hormis la gauche, l’ensemble de la classe politique française a fait un premier mauvais calcul. Le chef de l’État français en a peut-être fait un second en cette soirée de grosse désillusion.

La dissolution de l’Assemblée rappelle la décision similaire prise par Jacques Chirac en 1997, qui redoutait une victoire de la gauche si le scrutin avait lieu à sa date initiale, dans an.

Le résultat était qu’il a avancé d’un an la victoire du Parti socialiste. Chirac a été contraint à la cohabitation avec Lionel Jospin pour le reste de son mandat.

Si l’histoire devait se répéter, le RN contrôlera le gouvernement dès le 7 juillet prochain, en attendant de recevoir les clés de toute la maison dans trois ans.

A moins que le président Emmanuel Macron ait tout à fait autre chose en tête : discréditer le RN, en prévision de 2027, par l’exercice compliqué du pouvoir. Mais là aussi, le jeu risque de s’avérer dangereux. A-t-il vraiment le choix face à la vague extrémiste qui déferle sur la France ?

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