Le président français Emmanuel Macron n’a pas pris part, ce mardi soir, à l’Iftar organisé par le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) au Pavillon Dauphine à Paris (XVIe). Ahmed Ogras, président du CFCM, a « regretté » qu’Emmanuel Macron ait décliné son invitation, alors que ce dernier l’avait acceptée l’année dernière. Le locataire de l’Élysée était alors le premier chef de l’État à participer à cet iftar depuis une décennie.
« Il représente la France, c’est lui le big boss ! Cette absence est perçue par la communauté musulmane comme un boycott. Elle veut être respectée et reconnue comme un enfant de la République », a expliqué Ahmed Ogras au journal Le Parisien.
Pour sa part, « retenu avec le président de la République pour préparer une réunion importante », le chef du gouvernement Edouard Philiipe est arrivé au Pavillon Dauphine peu avant 23h15 – après le début de l’Iftar-, saluant ses hôtes et s’installant à leur table sans prononcer d’allocution.
C’est Gérard Collomb, son ministre de l’Intérieur, chargé des Cultes qui, un peu plus tôt, s’est fendu d’un discours à la tonalité exigeante à l’égard des responsables musulmans. « C’est à vous d’abord qu’il appartient de mener » le combat contre l’islam radical et « les messages de fermeture et de repli » sur « le terrain théologique », que « vous seuls pouvez investir », leur a lancé Gérard Collomb. « Et il faut aller encore plus loin si nous voulons que ce discours d’un islam pleinement républicain soit audible et efficace, car les thèses du repli sont puissamment relayées sur internet et sur les réseaux sociaux », a-t-il relevé.
Soulignant que l’Etat avait agi afin que « de plus en plus d’imams » soient « formés sur notre sol », Gérard Collomb a dit aux responsables du CFCM qu’il leur appartenait de s' »approprier cette dynamique » par des formations renforcées. Il faut encourager « les imams et les cadres religieux à suivre effectivement ces cursus : c’est d’ailleurs ce que prévoyait le projet de +charte de l’imam+ à un moment donné envisagé par le CFCM » mais jamais sorti des cartons, a remarqué le ministre. Il faut « redonner une impulsion » à certains chantiers, a-t-il ajouté, citant le financement du culte musulman, ou encore son organisation, qui « reste aujourd’hui encore en suspens ».
« Ces questions, c’est aux musulmans de France de les prendre en charge dans la durée. Mais l’Etat, qui a contribué depuis l’origine à la mise en place du CFCM (en 2003, NDLR), ne peut s’en désintéresser », a estimé le ministre, confirmant qu' »une grande concertation » serait lancée dans chaque département. « Il est temps (…) qu’en partant de la base, du terrain, on puisse faire converger des propositions, à partir desquelles le président de la République serait en mesure de prendre des initiatives fortes », a-t-il poursuivi, sans préciser ni les contours, ni le calendrier des annonces présidentielles.