Le président français Emmanuel Macron a effectué une visite « surprise » lundi à la Grande mosquée de Paris. L’annonce a été faite par le recteur de la mosquée sur les réseaux sociaux.
« Visite impromptue du Président de la République à la Grande Mosquée de Paris. Entretien amical et chaleureux entre le recteur @chemshafiz et le président @EmmanuelMacron, au cours duquel il a manifesté son amitié aux Français de confession musulmane », a tweeté le recteur, sans plus de détails quant à la teneur de son entrevue avec Emmanuel Macron.
Visite impromptue du Président de la République à la Grande Mosquée de Paris. Entretien amical et chaleureux entre le recteur @chemshafiz et le président @EmmanuelMacron, au cours duquel il a manifesté son amitié aux Français de confession musulmane. pic.twitter.com/HLIghY0Ge7
— Grande Mosquée de Paris (@mosqueedeparis) March 8, 2021
Le tweet est accompagné d’une photo des deux hommes discutant sur le perron de la mosquée. Cette visite intervient quelques semaines après les vagues de critiques suscitées en France par le projet de loi sur les « séparatismes », rebaptisé projet de « loi confortant les principes républicains ».
Tiraillements
Elle intervient aussi après les tiraillements qui ont marqué l’adoption de la « charte sur les principes de l’Islam » commandée par le président Macron ainsi que le Conseil national des imams, une instance destinée à « labelliser » les imams officiant dans les mosquées françaises afin de mettre fin à l’influence de pays étrangers sur l’Islam et les musulmans en France.
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Le projet, confié au Conseil français du culte musulman (CFCM), avait été marqué par le retrait de Chemseddine Hafiz, en sa qualité de vice-président du CFCM, qui a dénoncé une influence « islamiste ».
« J’ai décidé (…) de ne plus participer aux réunions qui visent à mettre en œuvre le projet du Conseil national des imams et de geler tous les contacts avec l’ensemble de la composante islamiste du CFCM. Il s’agit d’une décision irrévocable », avait-il indiqué.
« Malheureusement, la composante islamiste au sein du CFCM, notamment celle liée à des régimes étrangers hostiles à la France, a insidieusement bloqué les négociations en remettant en cause presque systématiquement certains passages importants de la charte », avait-il ajouté à propos de la Charte sur les principes de l’Islam de France.
La présidentielle de 2022 en ligne de mire
Mais celle-ci finira par être adoptée en janvier, après une mise en garde d’Emmanuel Macron. « Si certains ne signent pas cette charte, nous en tirerons les conséquences », avait averti le président français.
Dans les milieux proches des instances de l’Islam en France, on estime que cette visite traduit le souci d’Emmanuel Macron d’arrondir les angles avec la communauté musulmane après les crises successives de ces derniers mois, notamment l’affaire des caricatures qui avait valu au chef de l’État d’être vivement critiqué dans de nombreux pays musulmans.
Elle cache mal aussi, ajoute-t-on, la volonté de Macron de séduire l’électorat musulman en prévision de l’élection présidentielle de 2022.
Lors du deuxième tour de l’élection de 2017, la Grande mosquée de Paris avait explicitement appelé à voter pour Emmanuel Macron. C’était néanmoins plus une manière de barrer la route à la candidate de l’extrême-droite Marine Le Pen qu’un engagement en faveur du futur président de la République.