Une résolution parlementaire pourrait être prochainement introduite par le gouvernement du président de la France Emmanuel Macron, visant à reconnaître officiellement le sort des harkis par le Parlement français, rapporte Le JDD ce dimanche.
Un rapport remis en juillet à la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, effectue une cinquantaine de recommandations dont le vote d’une résolution en ce sens.
Parmi les autres propositions, le rapport recommande de rendre obligatoire l’enseignement de la guerre d’Algérie aux collèges et aux lycées français, aujourd’hui optionnel sauf en première générale.
Il est également question d’éventuellement créer un « fonds de réparation et de solidarité » en faveur de la communauté harki. « Rien n’est fait, les choses seront décidées en septembre », précise prudemment la secrétaire d’État. Les annonces pourraient coïncider avec la commémoration le 25 septembre de la Journée nationale d’hommage aux harkis.
Les précédents présidents français Nicolas Sarkozy et François Hollande ont reconnu par le passé dans des discours la responsabilité de la France dans le sort des harkis. Le président français Emmanuel Macron semble vouloir aller plus loin. « C’est un dossier qui lui tient à cœur, comme au gouvernement », a assuré la secrétaire d’État Geneviève Darrieussecq.
Une résolution parlementaire est un texte débattu et voté par l’Assemblée et le Sénat, mais qui n’a pas valeur de loi. Elle semble toutefois insuffisante pour les harkis, qui demandent une « loi de reconnaissance ». « Elle nous est refusée pour ne pas envenimer les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France », avait accusé en juin Mohamed Badi, l’un des représentants du Comité national de liaison des harkis (CNLH) au sein du groupe de travail sur le sujet.
Les associations de harkis ont également critiqué le montant de 40 millions d’euros sur quatre ans que compte proposer la secrétaire d’État Darrieussecq au président Macron pour le « fonds de réparation et de solidarité ». Les harkis et leurs descendants réclament entre 4 et 35 milliards d’euros.
« Il y a eu une désocialisation des harkis et de leurs descendants pendant près de trente ans », estime de son côté l’historien français Benjamin Stora dans un entretien accordé au JDD. « Il y a eu des exils, des exécutions, la perte d’une histoire et d’un pays : ce sont des choses inchiffrables. La véritable réparation doit se faire en rapport avec la déshérence sociale qui a pesé sur deux générations », affirme l’historien.