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France – Maroc : nouveaux pas sur la voie du rapprochement

La volonté de la France de se réconcilier avec le Maroc après une longue période de froid se confirme avec l’implication du ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, de Brigitte Macron et du roi Mohamed VI.

Les événements se sont accélérés ces dernières semaines indiquant que les deux capitales souhaitent tourner la page. Le dernier en date est l’accueil des sœurs du roi du Maroc Mohamed VI par la première dame française.

Affaire Pegasus, résolutions du Parlement européen, rapprochement Paris-Alger et position de Paris sur le dossier du Sahara occidental sont autant de facteurs qui ont contribué à la brouille entre la France et le Maroc ces derniers mois.

Dans un entretien accordé la semaine passée à Ouest-France, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné a révélé qu’il a été chargé « personnellement » par le président Emmanuel Macron d’ « écrire un nouveau chapitre » avec le Maroc.

La désignation de Stéphane Séjourné comme chef de la diplomatie en janvier dernier avait été mal accueillie à Rabat pour qui le nouveau ministre a grandement contribué, en sa qualité de député européen, aux deux résolutions défavorables au Maroc adoptées par le parlement européen il y a une année.

Dimanche 18 février, de nombreux médias marocains, dont le 360.ma, ont rapporté des propos favorables à un rapprochement tenus par l’ambassadeur de France au Maroc François Lecouturier lors d’une rencontre dans une université de Casablanca.

Lundi 19 février, ce sont les trois sœurs du roi, les princesses Lalla Meryem, Lalla Asmae et Lalla Hasnaa qui ont été reçues à déjeuner au Palais de l’Elysée à l’invitation de Brigitte Macron et sur « très haute instruction » de Mohamed VI, précise l’ambassade du royaume en France sur la plateforme X. Le tweet a été accompagnée d’une photo solennelle de la première dame avec les trois princesses marocaines.

Le compte de l’Elysée sur Instagram a publié le même cliché indiquant que la réception s’inscrit « dans la continuité des relations d’amitié historique entre la France et le Royaume du Maroc ». Selon L’Express, le président Emmanuel Macron est venu saluer les trois princesses.

France – Maroc : les sœurs de Mohamed VI ont déjeuné avec Mme Macron

La même source ajoute que le président français s’est entretenu récemment avec le roi du Maroc.

 

Ce qui est un signe indéniable d’un début de réchauffement. En mai dernier, l’écrivain marocain proche du palais royal, Tahar Ben Jelloun, avait révélé que lors du dernier entretien téléphonique entre les deux hommes sur l’affaire Pegasus, Emmanuel Macron avait « manqué de respect » à Mohamed VI. Les services marocains sont accusés d’avoir espionné le téléphone personnel du président français via le logiciel israélien Pegasus.

Maintenant que le rapprochement se confirme, de nombreux observateurs s’interrogent sur ce que sera la position de la France sur la question du Sahara occidental, étant donné que beaucoup imputent le froid entre les deux capitales essentiellement au refus de Paris d’emboiter le pas aux Etats-Unis et Israël qui ont reconnu la « souveraineté » marocaine sur le Sahara occidental.

Dans le quotidien Ouest-France, Stéphane Séjourné a rappelé que la France a toujours « été au rendez-vous, même sur les dossiers les plus sensibles comme le Sahara occidental ». Le ministre a cité « le soutien clair et constant de la France au plan d’autonomie marocain » qui, a-t-il dit, « est une réalité depuis 2007 ».

L’ambassadeur de France au Maroc a déclaré de son côté qu’«il serait totalement illusoire, irrespectueux et stupide de considérer qu’on va construire (…) pour le bonheur de nos deux nations et quelques autres voisins, sans clarifier ce sujet (la position de la France sur le Sahara occidental, ndlr)».

La volonté de réconciliation avec Rabat est exprimée à Paris après le virage à droite pris par le pouvoir sur des questions internes dont celle de l’immigration, et le retour au gouvernement de figures de la droite, comme la franco-marocaine Rachida Dati.

Le « rééquilibrage » de la politique maghrébine de la France, jugée pro-algérienne et défavorable au Maroc sous Emmanuel Macron, est une revendication de la droite française.

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