La France a connu de nouvelles émeutes de banlieue, avec globalement le même schéma que les précédentes : un jeune tué dans une course-poursuite, ses copains qui s’en prennent à un commissariat, puis un déferlement de haine contre les immigrés et les musulmans.
L’incident s’est passé à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, la semaine passée. Le jeune Wanys R., 18 ans, a trouvé la mort après qu’un véhicule de police a percuté son scooter au cours d’une course-poursuite.
Quatre jours plus tard, dimanche 17 mars, une cinquantaine de jeunes originaires du même quartier que la victime, ont attaqué le commissariat de Courneuve à coups de mortiers d’artifice et de cocktails Molotov. Neuf personnes ont été interpellées.
France : l’extrême droite se déchaîne contre les immigrés et les banlieues
Le gouvernement a redouté la réédition des événements qui ont suivi la mort du jeune Nahel l’été dernier, mais l’émeute a été vite circonscrite. Ce qui n’a pas empêché le même clivage de resurgir dans la classe politique française ; la gauche qui dénonce la violence policière et la droite et l’extrême-droite qui ne manquent pas l’occasion pour fustiger l’immigration d’origine maghrébine en particulier et les musulmans en général.
Le député LFI Thomas Portes a pointé le « racisme systémique de la police », et son collègue Sébastien Delogu a réclamé « la justice pour Nahel, pour Wanys et pour tous les autres ».
Philippe Poutou, lui aussi de l’extrême-gauche, a exprimé son « soutien à une colère légitime après qu’un jeune ait encore été tué par la police ». En parlant d’un « joli feu d’artifice devant le commissariat de La Courneuve », l’ancien candidat à la présidentielle s’est attiré les foudres d’une partie de la classe politique, notamment du courant xénophobe. « Ça ne bouge pas, Poutou continue de lécher les pieds des voyous », a écrit Stanislas Rigault, président de Génération Z.
Éric Zemmour et son mouvement Reconquête attendaient sans doute ce moment depuis l’été dernier pour s’attaquer aux banlieues et tout ce qu’elles représentent.
« Ces quartiers ne sont pas des quartiers métissés. Quand 80 % de la population est arabo-musulmane et qu’il ne reste que 20 % d’Européens, on ne peut plus parler de métissage », a lâché Zemmour.
« Depuis sept ans, Emmanuel Macron n’aura cessé d’affaiblir l’autorité de l’État, plongeant la France dans un chaos permanent », a tweeté pour sa part Marine Le Pen, présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national (ex-Front national, extrême droite) à l’Assemblée nationale.
Sur les réseaux sociaux, c’est un déferlement de haine avec de nombreux anonymes qui s’attaquent aux banlieues, à l’immigration et aux musulmans, rappelant tantôt le contexte du Ramadan, tantôt celui de la guerre au Moyen-Orient, dans un amalgame Indescriptible.
« Dans ces quartiers, soit on est dealer soit on est salafiste », a lâché l’essayiste Sabrina Medjebeur sur CNews. La députée Nupes Farida Amrani a annoncé sur X avoir saisi le procureur de la République suite aux « déclarations préoccupantes » de cette essayiste.
Des voix censées se sont exprimées pour pointer du doigt le fond du problème qui fait que, depuis 20 ans, les émeutes ne s’estompent que pour mieux repartir. « Tout s’aggrave, racisme, discriminations, pauvreté, mal logement, violences répressives », a estimé Philippe Poutou.
« Aucune leçon n’a été tirée de la mort de Nahel ! Aucun travail sincère pour comprendre pourquoi des jeunes meurent encore, en croisant la police », a tweeté pour sa part Aurélien Taché, député écologiste.
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